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La contrôleure des prisons dénonce dans un rapport les "conditions indignes" à la maison d'arrêt de Perpignan

"Surpopulation endémique", "humiliation des détenus", "punaise de lits" et "odeurs d'urine de chat omniprésentes" : voilà en quelques mots les conditions de détention décrites par la contrôleure, et auxquelles réagit le syndicat Ufap Unsa Justice.

Rapport contrôle des prisons à Perpignan

5 juillet 2023 à 16h25 par John Bourgeois

Voilà un rapport alarmant sur la situation de la maison d’arrêt de Perpignan et les conditions de détention de ses détenus. C'est à la suite d'une visite en terres catalanes de la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) qu'il a été publiée le 6 juin dernier et rendu public ce mercredi 5 juillet. La contrôleure demande au gouvernement d'améliorer rapidement les conditions de détention à la maison d'arrêt de Perpignan qu'elle juge "indignes".

Surpopulation carcérale intenable

La contrôleure des prisons pointe du doigt la surpopulation carcérale "endémique" du centre pénitentiaire de Perpignan et notamment de sa maison d'arrêt (205%). Il s'agit de la 4ème plus forte de France métropolitaine, avec jusqu’à 7 personnes dans des cellules pour trois. Une problématique dénoncée déjà depuis de nombreuses années par les syndicats.

"Elle s'est de nouveau amplifiée ces dernières semaines. Avant le début du Tour de France, on était déjà maillot jaune de la surpopulation carcérale, puisqu'on avait 86 matelas au sol. Ils sont aujourd'hui 76 mais vont de nouveau vite dépasser les 80", réagit Pierre Grousset, le secrétaire départemental du syndicat de l’Ufap Unsa Justice. Le syndicat majoritaire de la prison de Perpignan demande, comme cela a été fait l'an passé, de transférer les détenus qui n'ont aucune attache en Occitanie dans les autres centres de détention "moins impactées"

Si le ministre de la Justice, Eric Dupont-Moretti, reconnaît que la surpopulation carcérale à Perpignan constitue "une problématique majeure", ce fléau est pour autant loin d'être effacé. "Il faut absolument que l'établissement de Rivesaltes s'ouvre (prévu d'ici 2027 avec 500 détenus). À Perpignan, on a aussi un problème d'alternative à la sanction pénale. Par exemple à Béziers, il y a 50 % de bracelets électroniques, il y en a beaucoup moins à Perpignan", commente Pierre Grousset.

Des punaises de lits qui "infestent" les cellules

Dans son dernier rapport, la CGLPL dénonce les conditions indignes à l’intérieur de la maison d’arrêt catalane. Deux grandes difficultés sont ciblées : la prolifération de punaises de lits et l’odeur "omniprésente" d'urine de chat. Cela fait depuis 2013 que ce problème des punaises de lit est présent selon l'Ufap Unsa Justice, mais jamais il n'avait atteint une telle ampleur.

"Maintenant, on a une vingtaine de cellules à la maison d'arrêt et une vingtaine au centre de détention qui sont infestées de punaises. Et elles commencent à sortir dans les coursives, ce qui impacte aussi le personnel", regrette le secrétaire départemental du syndicat, qui dit tenter de trouver des solutions avec la direction. Un procédé "thermique" serait envisagé. 

Pour ce qui est de l'odeur d'urine, les chats "hantent" effectivement les cellules selon Pierre Grousset, en raison des détenus qui les nourrissent. La situation devrait cependant revenir à la normale, car l'établissement a fait appel à la SPA pour récupérer les animaux en question.

Des détenus "humiliés" par des fouilles intégrales

Dernier point de tension à la maison d'arrêt de Perpignan : les "fouilles intégrales systématiques non justifiées" mis en lumière par la contrôleure des prisons. Son document parle de fouille dans des conditions "propres à accentuer l'humiliation des détenus". C'est là ou le syndicat Ufap Unsa Justice affirme son désaccord. Ces fouilles sont justifiables par le trafic de stupéfiants qui règne à la prison perpignanaises. "C'est le premier point du deal du département après la cité des Oiseaux !"

"On a des livraisons par drone, des projections quotidiennes, et au niveau des parloirs familles, on est constamment en train de trouver des produits stupéfiants". Les détenus utilisent en effet leurs visites au parloir pour faire passer la drogue. Elle est souvent insérée dans l'anus d'un passeur pour ne pas être détectée par les portiques.

"À un moment, si on ne fouille pas, ça rentre ! Si on autorise la consommation de drogues en ne prenant pas toutes les mesures, ce n'est pas logique et pas responsable", s'indigne aujourd'hui Pierre Grousset, qui dévoilait en début de semaine la dernière prise des surveillants : plusieurs lames de scie de 14 cm, du cannabis, et un téléphone portable livré par drone dans la nuit de dimanche à lundi.