Agression de l'équipe de Jean-Luc Moudenc : prison avec sursis requise contre les manifestants
Le 21 juin dernier, le maire de Toulouse et quatre élus ont été pris pour cible par un groupe de manifestants. Quatre d'entre eux ont été jugés jeudi soir.
28 juillet 2023 à 9h16 par Shaïneze Nacer-Cherif
L’écran du tribunal judiciaire de Toulouse descend lentement, ce jeudi 27 juillet. Des images et des vidéos sont projetées devant une salle qui peine à garder le silence. C’est avec abattement que Maëlys, Jules, Killian et Teddy, âgés de 18 à 24 ans, visionnent ces images devant le regard consterné des magistrats. La voix tremblante et les mains dans le dos, ils comparaissent un à un devant le tribunal.
“Moudenc à la Garonne”, “Suicide-toi”, “Maire de merde” : des activistes dissimulent leurs visages
C’est en fin d’après-midi que les faits se sont produits alors qu’une manifestation sauvage était organisée dans les rues de Toulouse. Dissimulés derrière un masque, un couvre-chef et des lunettes de soleil, les quatre jeunes prévenus auraient profité de la présence inopinée du maire, Jean-Luc Moudenc, et de ses confrères, pour suivre la foule qui les talonnait et les prendre à partie. Un flot d’insultes est proféré. “Tout le monde chantait Moudenc à la Garonne, j’ai juste suivi le mouvement”, se défend Maëlys, encore lycéenne au moment des faits. Des sacs poubelles, dont un contenant une bouteille en verre, étaient lancés. Un fond de canette de bière est même déversé sur la tête du maire désemparé. Laurent De Caunes, avocat des parties civiles, dénonce des agissements “comparables à ceux des militants fascistes dans les années 1930”.
Casier judiciaire vierge, l'auteur principal est un étudiant brillant en larmes à l'audience
Difficile de comprendre comment ces quatres jeunes adultes, inconnus des services judiciaires, ont pu se livrer à de tels actes. Pourtant, Teddy, jeune garçon de 18 ans, brillant élève qui rejoint dès la rentrée une double licence histoire / sciences-politiques, est accusé de violences aggravées par deux circonstances, violence avec usage d’une arme et outrage sur personne dépositaire de l'autorité publique. Les larmes aux yeux, il évoque le décès de sa grand-mère, chez qui il était installé depuis un an. “Ce soir-là, je ne voulais pas rester seul dans l'appartement. On m’a proposé de sortir, j’en ai profité. Je n’ai jamais agi de cette manière, c’était irréfléchi et je m'en excuse. Je ne voulais blesser personne.” Son avocate, Cécile Brandely, le considère encore comme un enfant. “Il parle de sa mère en disant maman, il a fait confiance à un homme qui lui a conseillé de se camoufler parce que c'est un adulte… A trois mois près, il comparaissait devant le tribunal pour enfants !”
3 à 6 mois d’emprisonnement avec sursis avec interdiction de manifester pendant 2 ans
Sur les quatre, seul Teddy reconnaît les faits qui lui sont reprochés. Le parquet a requis six mois de prison avec sursis probatoire, l’interdiction de manifester pendant deux ans, un stage de citoyenneté ainsi que la réparation des dommages et intérêts. Pour Jules, âgé de 23 ans, qui avait refusé de se soumettre à la signalisation, six mois de prison avec sursis probatoire ont été réclamés. Maëlys, trois mois de prison avec sursis probatoire et l’interdiction de manifester pendant deux ans. Enfin, le plus âgé, Killian n’est poursuivi que pour dissimulation du visage. Tous, se disent favorables à une peine d'intérêt général.
Le délibéré sera rendu le 28 septembre prochain.