Toulouse. Le rappeur Tiitof condamné à 30 mois de prison dont 1 an avec sursis pour l'agression de son ex-compagne
Le rappeur Tiitof était jugé en comparution immédiate ce mercredi 15 novembre 2023, suspecté d'avoir agressé son ex-compagne en menaçant de la tuer. Au terme de l'audience, le musicien a été condamné à 30 mois de prison dont 1 an avec sursis. Le maintien en détention a été prononcé pour la partie ferme.
15 novembre 2023 à 20h21 par Brice Vidal
Lourd dossier pour une audience de comparution immédiate ce mercredi 15 novembre 2023 devant le Tribunal de Toulouse (Haute-Garonne). Comme nous vous le révélions, le rappeur Tiitof - Willem Lacom de son vrai nom - était jugé pour violences conjugales à l'encontre de son ex-compagne et détention d'arme. Les faits se seraient déroulés le 12 novembre dernier à la mi-journée.
Selon la plaignante, il aurait frappé à la porte de l'appartement après une dispute par messages interposés, puis s’en serait pris à elle : coups de poing, strangulation sous les yeux de leur enfant de 2 ans. Pire, le musicien aurait sorti un pistolet Glock 17 semi-automatique et l’aurait braqué sur la victime « aujourd’hui je te tue, je n’ai pas pris mon téléphone pour que ça ne borne pas » aurait-il déclaré. Elle l'aurait supplié de ne pas la tuer. Le rappeur aurait ensuite braqué l'arme sur sa tempe pendant de longues minutes, avant de s'enfuir dans un état second avec le téléphone de la victime. C'est le voisin qui a prévenu la police. Après examen par un médecin légiste, la jeune femme s'est vue prescrire 10 jours d'ITT, notamment en raison du retentissement psychologique ; "elle a vécu une expérience de mort imminente" entendra-t-on lors des débats.
A l’audience le musicien niait les faits et criait au complot, déclarant ne jamais avoir braqué l’arme sur la victime, « pourquoi alors venir avec un pistolet chargé ? » le questionnait-on, « par peur de sa famille et de son nouveau petit ami » répondait-il sans convaincre. Ses explications étaient obscures et décousues. Une grande quantité de drogue a été découverte chez lui en perquisition - cocaïne et cannabis - « c’est pas pour cela que vous aviez une arme ? » raillait Anne-Cécile Krygiel, la présidente. « La vie n’est pas un clip de rap ! Les faits sont très graves » tonnera l’avocat de la victime Me Momasso Momasso, en écho à la présidente qui rappelait les 10 ans encourus par le prévenu. Sa victime de 22 ans pleurait à l’audience, lui versera aussi quelques larmes.
Le parquet se refuse à demander l’incarcération
Dans son réquisitoire, Sterenn Hell la procureure, appelait à « une justice sereine » et regrettait que le prévenu soit « déjà condamné sur les réseaux sociaux. » Minimisant certaines violences physiques sur la victime « pas de traces vues par le légiste », le ministère public n’en retenait pas moins que « Monsieur est venu avec une arme chargée ». Le parquet requérait 2 ans de prison dont 1 an avec sursis, une obligation de soins, l’interdiction d’entrer en contact avec la victime. Et la partie ferme de la peine aménagée (DDSE) « pas sûre que la place du prévenu soit en prison ». Du côté de la partie civile, M. Momasso Momasso réclamait une peine « en rapport avec la réalité du dossier ».
Le tribunal va au-delà des réquisitions
La défense, inquiète d’une procédure de comparution immédiate expédiée, était tenté de demander un complément d’enquête, mais plaidait aussi en faveur d'une peine "en rapport avec les faits" pour "ne pas gâcher la carrière de cet artiste". Alors que les juges se retiraient pour délibrer, le musicien demandait pardon à son ex-compagne, la voix chevrotante, avant d'éclater en sanglots. C'est finalement après une demi-heure de délibéré que le rappeur était condamné à 30 mois de prison dont 1 an avec sursis. Les juges ont prononcé le maintien en détention du musicien pour la partie ferme. Il aura également interdiction d'entrer en contact avec la victime et médiatiser cette histoire (dans ses chansons on imagine). La juridiction lui interdit également de porter une arme pendant 15 ans. Une peine sévère fondée, selon la juridiction, sur la gravité des faits, la réitération de violences conjugales ainsi que le port d'arme.
Sonnée, Me Séverine Bouchaïb avocate du rappeur, regrettait "une justice purement répressive" ; "on avait apporté des éléments rassurants à la juridiction mais on n'a pas été entendu, c'est un huis clos et on a que la parole de la plaignante" ; "sa place n'est pas en prison, son casier judiciaire est sans commune mesure avec un parcours délinquantiel" affirmait-elle à propos de Tiitoff qui envisage d'interjeter appel. "Les faits sont d'une gravité extrême" rappelait en partie civile Me Momasso Momasso dont la cliente "est détruite psychologiquement."