Comment Toulouse veut "déghettoïser" la Reynerie
Le Projet de Renouvellement Urbain est engagé dans ce quartier du Grand Mirail.
25 août 2023 à 14h56 par Brice Vidal
En finir avec un des quartiers ghettos de Toulouse. La Reynerie va-t-elle progressivement changer de visage dans les prochaines années ? Le Projet de Renouvellement Urbain de La Reynerie a fait l’objet d’une enquête publique "qui s’est déroulée du 23 mai au 28 juin 2023" indique la mairie de Toulouse. "Le Commissaire enquêteur vient de donner un avis favorable à l’utilité publique du Projet". Il a fait l’objet de réunions de concertations. Le maire Jean-Luc Moudenc prend acte de cet avis qui "vient conforter le très ambitieux travail d’amélioration du cadre de vie du quartier de La Reynerie engagé par la collectivité et ses partenaires depuis 20 ans. Le projet va donc pouvoir franchir une nouvelle étape avec la démolition de l’immeuble Messager, la reconstruction de nouveaux logements à taille humaine et énergétiquement sobres et la rénovation de la place Abbal". Mais concrètement qu'est-ce qui est prévu ?
Presque 1000 logements nouveaux et 1000 arbres
Gaëtan Cognard le maire de quartier réfute le terme de ghettoïsation pour qualifier le secteur, il estime en revanche que "la situation des habitants de nos quartiers populaires, surtout à la Reynerie, va s'améliorer dans les 10 ans". "Il y a la base nautique qui vient d'être inaugurée, demain il y aura la Cité de la Danse, il y aura aussi 960 nouveaux logements bioclimatiques, traversants et bien orientés. On aura également une résidence senior, une maison pluridisciplinaire de santé : médecins et professionnels du paramédical se sont regroupés" et "une nouvelle centralité commerciale qui fera suite à la dalle Abbal qui va être démolie". Le verdissement fait partie intégrante du nouveau chantier "l'objectif entre 2023 et l'hiver 2024 c'est de planter 1000 arbres" souligne l'élu.
Certes le chemin est encore long pour en faire un secteur attractif, le maire de quartier Gaëtan Cognard entend "améliorer le cadre de vie des habitants de la Reynerie", "donner envie d'y venir" ou "d'en partir dans le cadre d'un parcours résidentiel". Comment ? "Il faut réduire le nombre de logements sociaux - actuellement il y en a 85% - ramener des classes moyennes et permettre aux classes populaires d'aller dans d'autres quartiers toulousains qui ne sont pas des quartiers prioritaires" (QPV).
Un projet controversé
La réhabilitation lancée par la mairie n’a pas fait que des heureux, certains habitants se sont plaints et un collectif s’oppose à la destruction des immeubles de l’architecte Georges Candilis. Pour Gaëtan Cognard "les personnes attachées à leur territoire et à leur logement et qui ont vécu là depuis longtemps, on répond à leurs inquiétudes légitimes, les bailleurs le font déjà" après "il y a une deuxième lecture d'architectes qui n'habitent pas ici et ne voient pas l'intérêt pour des motifs patrimoniaux. Primo on conserve plus de bâtiments de Candilis qu'on en détruit, deuxio on a fait une enquête lors des relogements et les habitants sont plutôt satisfaits..." CQFD. La Déclaration de Projet Reynerie sera présentée lors d’un prochain Conseil de Métropole.
Les bâtiments les plus anciens sont progressivement démolis à Toulouse : à Négreneys, Bagatelle, Empalot aussi. Une façon de faire baisser les tensions, mais "la politique de la ville ce n'est pas qu'agir sur le bâti", "à Toulouse on agit sur l'urbain mais on agit aussi sur l'humain" indique Gaëtan Cognard qui rappelle qu'au Mirail "il y a plus d'une vingtaine de chargés de projets pour accompagner les habitants des QPV, les associations et les initiatives".