Auch. "C'est moi qui ai poussé mon fils à faire ce geste", l'enfant poignarde son père pour protéger sa mère
Un homme de 49 ans a été condamné à 24 mois de prison, dont 18 avec sursis pour menaces de mort et violence conjugale. Rentré ivre le 4 juin dernier au soir, son fils de 9 ans lui avait assené 4 coups de couteau pour protéger sa mère
9 juin 2023 à 12h19 par Axel Mahrouga, avec Gilles Gauthier
«Vous allez mourir, je vais vous crever». Au moment de rappeler les faits de cette triste soirée du 4 juin 2023, le prévenu de 49 ans peine à expliquer son geste. Le tribunal d'Auch (Gers) avait à juger cet éducateur de rugby pour des faits de menaces de mort et de violence conjugale, à l'encontre de son ex-compagne.
La semaine dernière, c'est après une troisième mi-temps arrosée, que le quadragénaire rentre au domicile de son ancienne conjointe, qui l'héberge gracieusement à Lombez. Il est 11 heures du soir et avec deux grammes d'alcool dans le sang, l'homme va dérailler pour un motif plus que futile : il n'y a plus de pain frais à la maison. Les menaces fusent, l'homme force la porte de la chambre où la victime et son enfant s'étaient réfugiés mais la barricade va sauter. Le petit garçon du couple, âgé de 9 ans, va alors dévaler les escaliers en direction de la cuisine, récupérer un couteau, et remonter. Animé par la peur, il va asséner quatre coups de couteaux à son père, avant de prendre sa mère par la main pour l'extirper du domicile.
«Je ne sais pas pourquoi je suis ça», regrette à la barre le prévenu qui est sorti de cette soirée avec quelques blessures superficielles. «C'est moi qui ai poussé mon fils à faire ce geste, j'ai un vrai problème avec l'alcool», reconnaît-il devant les juges
«C'est son enfant qui lui a ouvert les yeux».
Si dans le camion des pompiers, le transportant vers l'hôpital le soir des faits, le quadragénaire avait réitéré ces menaces, il affirme à la barre qu'il ne serais jamais passé à l'acte.
À l'issue de l'audience, le tribunal condamne l'éducateur sportif à une peine de 24 mois de prison, dont 18 avec sursis. Une peine, jugée juste selon l'avocat du prévenu, Maître Eric Matthias. «Il a vécu l'acte qu'a commis son enfant sur lui-même [...] comme une marque d'affection salutaire. C'est son enfant qui lui a ouvert les yeux et qui lui a dit "mais pas papa il faut se ressaisir, ce n'est plus possible de nous soumettre à ce climat de tension larvée"[...] Cette peine est parfaitement adaptée».
Dans ce dossier, l'enfant a bénéficié de la présomption d'irresponsabilité pénale, au regard de son âge.