Une terminale raccourcie et un envoi express vers le monde pro : Les syndicats des lycées professionnels tirent la sonnette d'alarme
Le corps enseignant professionnel était présent au rectorat de Toulouse, pour dire non à la réforme des lycées. En cause, une terminale raccourcie en heures de cours, des examens avancés à mai et une augmentation du nombre d'heures en entreprise, en dépit des heures en classe.
Une cinquantaine d'enseignants étaient présent au rectorat de Toulouse
Crédit : CGT Educ 31
12 décembre 2023 à 18h56 par Alex Jehanno
Une nouvelle goutte dans un vase qui déborde depuis longtemps. Ce mardi après-midi, l'ensemble des syndicats (CGT, SNESS FSU, FO, SNETAA) étaient présent au rectorat de Toulouse, quartier Saint-Agne. La politique Blanquer a laissé de grosses séquelles et c'est à l'actuel ministre de l'éducation Gabriel Attal, de reprendre une patate bien chaude. En cause, une terminale qui se voit raccourcie de 6 semaines de cours qui seront redirigés vers un stage rémunéré de 500-600€. Plus d'entreprise, moins de classes.
"C'est une jeunesse qu'on assigne à résidence", regrette Pierre Priouret, enseignant de mathématiques au lycée Stéphane Hessel de Toulouse : "Que ce soit sur le bassin ou un secteur d'emploi, l'élève n'aura aucune possibilité d'évoluer professionnelement derrière, en fonction de l'évolution du marché de l'emploi." Un constat que partage Christian Carlon, enseignant en électrotechnique : "Le problème est que ce stage n'est pas suffisant pour les former aux métiers professionnels et qu'a l'obtention du bac, ils n'ont pas forcément des moyens de mobilité."
Réaliser un diagnostic partagé
La solution que propose le syndicat SNETAA FO, c'est d'établir un diagnostic partagé. "Au lycée professionnel, on a des élèves qui ne viennent pas du même environnement que ceux du lycée général. Certains d'entre eux ont eu un parcours cabossé. Ils ont besoin de confiance et d'un niveau suffisant en terme de culture générale. Nous, on a cette capacité à les prendre en charge que ce soit sur la partie atelier ou sur la partie générale"
"Objectivement, c'est 2 euros 50 de l'heure"
Parmi les enseignants mobilisés devant le rectorat, un petit groupe a fait le déplacement depuis le Tarn. Chez les enseignants au lycée du Sidobre à Castres, la mobilisation est forte depuis un an maintenant.
Ce matin, à l'heure où les élèves démarraient leur journée, les enseignants distribuaient des cartes postales aux passants en voiture. Une carte, pré-affranchie à l'adresse du président Emmanuel Macron. Leur but : innonder la boite postale de l'Elysée, des doléances des enseignants et des parents. "Nous avons d'ores et déjà énormément de cartes postales qui ont été envoyés l'an dernier [...], c'est une action qui va se poursuivre tout au long de l'année", commente Cathy Fabre, professeure de français dans l'établissement. Plus de stage, moins d'heure sur les bancs des classes, le tout, rémunéré : Tout d'une fausse bonne idée selon Delphine Tournier, professeure de construction - économie au sein du lycée castrais : "On leur fait miroiter qu'on va les payer. Sur les 12 semaines ils vont recevoir 1200 euros. Evidemment le but c'est de les inciter à refuser une poursuite d'étude. Il y a des familles pour qui, 1200 euros c'est une somme phénoménale. Alors qu'objectivement c'est 2,50 euros de l'heure ".
Une mobilisation suivie à Castres par les parents d'élèves qui ont lancé une pétition en ligne.
La reforme du lycée professionnel prendra acte dans tous les établissements à la rentrée 2024 si elle est adoptée jeudi prochain par décret.