Tarn. "Je ne pensais qu'à mes enfants", victime de 30 coups de couteau, elle témoigne à la barre

La Cour d'Assises du Tarn juge actuellement Ismail A., accusé d'avoir assassiné l'amant supposé de sa femme et tenter d'ôter la vie à cette dernière le 12 juillet 2021 à Albi. A la barre, la trentenaire est revenue sur ces quelques minutes d'horreur.

24 septembre 2024 à 11h04 par Axel Mahrouga

C'est d'un ton calme, la voix posée, que la victime relate ces quelques minutes d'horreur. Son ex-ari, Ismail A. est actuellement jugé par la Cour d'assises du Tarn pour avoir tenté de la tuer le 12 juillet 2021 et avoir assassiné son amant supposé ce même jour, de plusieurs coups de couteaux. La mère de deux enfants, aujourd'hui âgée de trente ans, relate sa rencontre avec l'accusé en Tunisie. Si ce dernier est qualifié de "gentil" à leur rencontre, très vite la victime va relever un changement de comportement chez son époux. " Il était jaloux de fou", exprimera-t-elle plusieurs fois devant la Cour. L'ancien plaquiste, gérant d'une société de nettoyage industriel et dernier d'une fraterie de sept enfants, avant également un grave problème d'addiction aux stupéfiants. "S'il ne consommait pas de drogue, il devenait un autre homme", relate la trentenaire. "Ca me détend", tenter d'expliquer l'accusé depuis son box. Lorsque le couple arrive en France en 2019, sa jalousie et ses addictions empirent. "Si un homme passait à côté de moi et que je regardais, il me demandait pourquoi je l'avais fait. Même si ce n'était pas fait exprès", développe la mère de deux enfants. Par deux fois, elle raconte avoir été victime de gifles de la part de son ex-mari. "Avez-vous déjà porté plainte pour ces faits ?", questionne la présidente Hélène Ratineaud. "Non j'ai pensé à mes enfants, j'aurais aimé améliorer la situation". 


"Un périple meurtrier" pour un supposé adultère


Un mois avant les faits, l'accusé est retourné en Tunisie "pour vendre une voiture", pendant que son ex-épouse est à Albi, mettant au monde leur deuxième enfant. Un fils dont l'accusé est persuadé qu'il n'est pas le sien. Il accuse son ex-compagne d'adultère alors, que dans le même temps, il pense déjà à refaire sa vie avec l'une de ses cousines rencontrée de l'autre côté de la Méditerrannée. 


A son retour, les allégations se poursuivent. "Je lui ai dit plusieurs fois que ça ne me posait pas de problème de faire un test ADN", martèle la victime à la barre. Mais son choix est fait. "Je veux divorcer avec toi et me marier avec elle [NDLR : sa cousine]", aurait lancé l'accusé quelques jours avant les faits. Il prend ses valises et s'installe chez son frère, toujours à Albi. 


"Il n'a rien dit"


Mais l'homme cogite. Consomme aussi, cannabis et cocaïne notamment. Dans la nuit du 11 au 12 juillet, victime et accusé échangent près de 140 messages. Peu avant 6h du matin, Ismael A. se présente devant la porte de la victime. "Il avait le regard noir, je lui ai dit de se regarder devant une glace", raconte la trentenaire. Cela faisait 3 jours que l'accusé n'avait pas dormi. Il se dirige alors vers la salle de bain et la trentenaire, elle, vers la cuisine pour préparer un biberon à son nouveau né âgé d'un mois. C'est là que l'accusé fait irruption et lui plante les premiers coups de couteau dans le dos. "Je n'arrive pas à me défendre, je ne croyais même pas que c'était vrai", témoigne, sans trembler, la victime. Elle tombe alors au sol, les coups pleuvent. Pendant tout ce temps "il n'a rien dit". Le médecin légiste relève sur son corps une 30ène de plaies au cou, au thorax, sur les bras et sur les jambes, un pneumothorax et une lésion des cordes vocales. "Vous êtes vous vu mourir à ce moment la ?", questionne la présidente de la Cour. "Non, je pensais qu'à mes enfants", répond courageusement la victime. Son ex-mari prendra alors la direction de Cantepau et tuera son amant supposé, un homme que la mère de famille connaissait car "il habitait chez mon beau-frère". Mais selon elle, leur relation était quasi inexistante. " On se voyait très rarement à la boulangerie". Pourquoi était-il convaincu d'un possible adultère ? "Je ne sais pas pourquoi il pense ça". Ismael A. est jugé jusqu'au mercredu 25 septembre 2024 devant la Cour d'Assises du Tarn. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.