REVELATION 100% Radio. Corruption à Saint-Jory : un document sonore prouve que le maire touchait des pots de vin colossaux sur les transactions immobilières

L’enquête parallèle menée par l’ancien adjoint au maire Thierry Brugère, va-t-elle porter ses fruits ? Le maire LR de Saint-Jory, Thierry Fourcassier, a-t-il joué au « parrain » et mis la ville en coupe réglée pour s’enrichir personnellement ? Il a été mis en examen, ce mardi, pour des affaires qui n’impliquent pas d’enrichissement personnel, mais la seconde enquête que nous vous révélions en septembre est beaucoup plus préoccupante. Elle a été ouverte notamment pour corruption et prise illégale d’intérêts. Des virements importants de la société immobilière KMG sur le compte du maire auraient fortement attiré l’attention des services fiscaux qui ont transmis le dossier au parquet de Toulouse.

Un témoignage à charge

100% Radio vous révèle un témoignage et a eu accès à un document sonore accablant - le maire ne savait pas qu’il était enregistré - si bien qu’on peut se demander si ce dernier ne rackettait pas carrément des apporteurs d’affaires immobilières sur sa commune. Cyrille* était apporteur d’affaires pendant plusieurs années à Saint-Jory, son job : trouver des terrains, des promoteurs et les mettre en relation avec la mairie « je rencontrais le maire et pour avoir une chance d’avoir le permis de construire, Mr Fourcassier me demandait une certaine somme en échange » ; « pour une affaire où ma commission était de 100 000 euros, il me demandait 50% » affirme celui qui dit avoir payé en liquide, en plusieurs fois, mais pas seulement « il y avait plusieurs façons de payer : des achats d’œuvres d’art au Japon, un peu de liquide, le prêt de ma carte bleue pour payer ses courses ». L’omerta régnait jusque-là, pourquoi ? « C’était un engrenage, de racket, je pensais que ça allait m’aider à faire progresser mes sociétés mais finalement ç’a grevé mon bénéfice de 250 000 euros ».

Thierry Fourcassier aurait trouvé d’autres apporteurs d’affaires dont les noms devraient être progressivement révélés aux enquêteurs de la police judiciaire en charge du dossier - le nom de Theophile KAMEGNE a déjà été cité dans un précédent article de 100% Radio - « certains lui payaient des voyages ou différentes choses, moi j’ai refusé de donner sur pas mal d’opérations » ; pour notre témoin qui a souhaité rester anonyme, l’élu aurait pu toucher une somme avoisinant le million d’euros !

Un document sonore accablant

Dans un document sonore daté de juillet dernier et auquel nous avons eu accès, Thierry Fourcassier semble quasiment se comporter en parrain, lors d’un échange mettant en scène six personnes dont plusieurs apporteurs d’affaires, propriétaires fonciers et chef d’entreprises de Saint-Jory. Les valises d’argent liquide auraient-elles circulé ? « Quand on s'est vu, tu avais un chèque de 20, moi j'avais 5000 en liquide, Théo 35 000 ... » relate le maire.

Sur cet enregistrement on entend Thierry Fourcassier dire « on avait dit 35 000 à déduire sur ce qu’il devait à C. [...] il y a eu un nouveau truc [...] il m’a donné 5000 et me dit : ça ne sert à rien que tu viennes demain [...] finalement ça ne marche pas, donc je vais voir Y. dimanche et je lui dis : nouvelle transaction ». Quel est ce "truc" dont parle le maire de Saint-Jory dont on reconnait clairement la voix ?

« Le deal, c’était que lui touche moins, mais maintenant [...] voilà ce qui était prévu, il sera payé dans les 300 000 mais à la fin de la DAACT [NDR : la Déclaration d'Achèvement et de Conformité des Travaux] comme moi [il parle au titre de la mairie] » ; « mais toi perso ? » demande son interlocuteur « moi on ne va pas... attends... ma partie aussi de toutes façons... » ; « toi perso il m’a dit que tu avais touché 100 000 » affirme l’autre [long silence, puis réponse de Fourcassier] « eh non moi je touche 20% » [...] « Théo il me doit des thunes aussi » [...] « dans l’argent qu’il devait toucher en cash, il y en a pour moi » lâche le maire de Saint-Jory. Incroyable.

Puis plus loin « Théo, il faut qu’il soit payé moins pour pouvoir te donner et me donner à moi aussi. »

Selon nos informations, le duo qui échange évoque une transaction qui a fait grand bruit à Saint-Jory : un terrain à vendre à 1,5 million d’euros, largement surévalué selon l’opposition.  La question qui subsiste : si les faits sont avérés, comment le maire Thierry Fourcassier a-t-il pu penser qu’un tel système de corruption généralisé pouvait perdurer ? Manque de discernement ? Mégalomanie ? Quels sont les promoteurs impliqués, d’autres élus ont-ils agi de même ? L’enquête préliminaire se poursuit et nos révélations pourraient donner du grain à moudre aux enquêteurs de la brigade financière...   

* Le prénom a été modifié à la demande de l'intéressé