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Règlements de comptes et trafic de drogues. Empalot devient-il "le nouvel Izards" à Toulouse ?

Les fusillades sur fond de stupéfiants se multiplient au sud-est de Toulouse.

Le point de deal visé par une fusillade fin mai.

Crédit : @100%Radio

20 juin 2023 à 18h23 par Brice Vidal

Depuis plusieurs mois, les spécialistes de la lutte contre la criminalité organisée à Toulouse prennent le pouls du quartier Empalot. Secteur surveillé comme une cocotte-minute sur le point d’exploser.


Jusque-là, les gangs du sud-est toulousain faisaient moins parler d’eux que Mirail et Izards et les choses sont en train de changer. Certes, Empalot a déjà été le théâtre de fusillades mais peu avaient été mortelles, des « jambisations » pour la plupart comme disent les policiers ; comprenez : des avertissements lors desquels les voyous tirent dans les jambes. Blesser pour prévenir de l’imminence de représailles plus violentes.


Le tournant a eu lieu le 29 mai dernier. Malik L. un trafiquant connu des policiers étaient abattu à l’arme automatique. L’auteur tirait en rafale, une douzaine d’étuis étaient retrouvés sur le lieu du crime. Moins de 24 heures plus tard deux individus, probablement le conducteur du véhicule et le logisticien étaient interpellés puis incarcérés. Ce lundi 19 juin, selon nos informations, la police judiciaire a interpellé le tireur présumé. Sa garde à vue pourrait courir jusqu'à 96 heures avant une possible mise en examen notamment pour assassinat en bande organisée. Selon le parquet de Toulouse ce meurtre était intervenu « dans un climat très tendu entre malfaiteurs pour s’approprier les lieux de revente de la drogue ».


La tension n’est visiblement pas retombée, car dans la nuit du lundi 19 au mardi 20 juin 2023, un individu était ciblé par deux tirs de petit calibre aux jambes, visé dans les coursives d’un immeuble. Et ce mardi après-midi bis repetita : des tirs retentissaient à nouveau quartier Empalot, plus précisément place André Daste, sans faire de blessé. Mais un étui de calibre 45 était retrouvé. Selon une source proche du dossier « le point de deal d’Empalot est déstabilisé pour plusieurs raisons » « l’un des petits caïds a été tué, d’autres se sont mis au vert, d’autres encore sont en prison » et « le commando de la fin mai a été démantelé ». L’ambiance est donc « à la guerre de territoires entre trafiquants. »


La série noire n’atteint pas encore le niveau de tension des Izards en 2019-2020, mais la situation ressemble à s’y méprendre. En 2020, 31 fusillades avaient été recensées aux Izards, faisant sept morts. Le maire de Toulouse a réagi à la fusillade mortelle d'Empalot fin mai, estimant que « les moyens supplémentaires obtenus ont permis d’apporter des solutions d’apaisement dans le quartier des Izards. Il faut dupliquer ces actions de sécurisation au quartier Empalot [...] j’appelle le Gouvernement à poursuivre le renforcement du continuum de justice pour combattre ce genre de drame lié au trafic de stupéfiants. Et à doter Toulouse d’un pôle judiciaire spécialisé pour traiter les actes de criminalité organisée. »