Une école au sud de Toulouse accueille depuis 3 semaines des petits réfugiés ukrainiens
On vous explique comment l’école élémentaire Henri-Chanfreau de Carbonne a dû s'adapter. Reportage.
28 mars 2022 à 19h15 par Brice Vidal
Ils ont fui les bombes russes, leurs habitudes, leurs copains, leur terre. Parfois en quelques jours. Comment les réfugiés venus d’Ukraine s’intègrent-ils dans les écoles de la République ? Après l'arrivée des Syriens il y a quelques années, la scolarisation de ces petits déplacés est un nouveau défi posé au système scolaire français et à ses fidèles "hussards". Le village de Carbonne, au sud de Toulouse, accueille actuellement quatre jeunes déracinés : trois depuis 3 semaines et un qui a débarqué ce lundi.
L’école élémentaire Henri-Chanfreau, qui compte 300 enfants, a dû s'adapter.
Les enfants s'adaptent vite à une nouvelle langue
Petro, Seman et Gregory vont plutôt bien, ils sont inclus en cours avec les autres enfants, les deux plus petits s'adaptant via des ateliers dirigés par un agent en service civique ; "il n'ont pas les phrases mais ont déjà des mots" rassure Didier Gentil enseignant et directeur. S'adapter à la barrière de la langue et à cet alphabet si différent se fait "petit à petit" explique le prof qui utilise Google Traductions en cas de nécessité "lorsque je n'ai pas les mots ou pour échanger avec plus de précision". Il s'aide également d'un fichier "qui permet d'avoir des transcriptions phonétiques français-ukrainien". Dans certaines matières comme les mathématiques, Pétro, Séman et Grégory comprennent rapidement ; "et les jeux sont aussi un moyen universel de communiquer".
L'objectif de cette fin d'année pour les trois minots :"renforcer la socialisation et la communication avec les camarades" qui n'est pas encore fluide. Mais considérant la bienveillance des copains, l'enseignant est assez confiant ; "le premier jour, il a appris à dire : je m'appelle Seman" expliquait Liam élève de CM2 ; "ils sont timides au début, c'est normal, je sais qu'ils ont besoin de réconfort" abondait Charlotte, quand Letizia encourageait ses nouveaux camarades "j'étais contente ce matin parce qu'il a dit bonjour en français au maître".
Le système D de l'école rurale pour inclure les petits déplacés
Maddy Lautard, conseillère pédagogique de la circonscription de Rieux-Volvestre, a fait imprimer le livret de communication français-ukrainiens, avec pictogrammes et phonétique. Cela prouve que l’intégration est possible, même dans les écoles rurales ; "il n'y a pas les mêmes moyens qu'en classe linguistique, mais il y a la motivation et l'envie" sourit-elle "avec quelques outils, l'expérience et les échanges entre collègues, on peut passer de l'intégration à l'inclusion". Marie-Caroline Tempesta, première adjointe à Carbonne, ne désespère pas d'avoir à court terme l'aide d'habitants pouvant servir d'interprètes "nous avons deux contacts d'Ukrainiennes installées de longue date à Venerque et Longages".
Carbonne organise aussi plusieurs manifestations et collectes pour aider les Ukrainiens. A tel point que, émues par cet élan de solidarité, des ukrainiennes qui ont récemment trouver refuge sur la commune "veulent maintenant aider, être utile", "pourquoi pas à la cantine de l'école" pour aider à l'inclusion de Petro, Seman et Gregory. La petite ville du Volvestre s’apprête cette semaine à accueillir de nouvelles familles de déplacés, ramenés en bus de Roumanie, cette fois par la MJC locale. Nul doute que l'école saura encore y faire face.