Tuerie d’Ozar Hatorah : Y. Monsonégo dirige toujours l’école juive "c'est une leçon de vie " saluent les enseignants
Le 19 mars 2012 Mohamed Merah assassinait trois enfants et un enseignant dont la fillette du directeur Yaakov Monsonégo, quartier de la Roseraie à Toulouse. Aujourd'hui l'école veut tourner cette page lugubre.
13 mars 2022 à 17h07 par Brice Vidal
Nous continuons cette semaine notre série de reportages sur l’affaire Merah, 10 ans après. Les hommages à Toulouse seront organisés samedi et dimanche prochain. En mars 2012, Mohamed Merah un petit délinquant toulousain endoctriné par l’idéologie djihadiste tuait trois militaires à Toulouse et Montauban. Le 19 mars celui qu’on appelait le tueur au scooter massacrait 3 enfants et un enseignant juifs, à l'école juive Ozar Hatorah, quartier de la Roseraie. Il abattait froidement Jonathan Sandler (30 ans) ainsi que ses enfants Arié (six ans) et Gabriel (trois ans et demi) mais aussi la fille du directeur, Myriam Monsonego (huit ans).
L’école juive devenue Ohr Torah se souvient de la tuerie chaque année. En 2017, une œuvre de Charles Stratos a été inaugurée dans la cour de ce collège-lycée qui est à ce jour le seul internat judaïque de France sous contrat avec l’Etat. L’arbre de vie, gravé aux noms des victimes, perpétue leur souvenir.
Une école tournée vers l’avenir
Marqué à jamais par l’abject, Ohr Torah ne ressasse pourtant pas le passé, « nous sommes tournés vers l’avenir des enfants » explique Laurent Raynaud professeur de technologie ; « on essaie d’avoir un fonctionnement normal, on revient d’un voyage scolaire au ski avec les 6e-5e ; les activités continuent et continueront » souligne le directeur des études, comme un pied de nez au monstre qui a attenté au sacré. Ses enfants resteront la boussole de l’école juive, c’est l’objectif de Yaakov Monsogéno et son épouse, ils dirigent toujours l’établissement qui a vu leur fillette tomber sous les balles de Merah « ils sont là au quotidien pour montrer l’exemple, parler de l’avenir, c’est aussi une leçon de vie chaque jour » estime Laurent Raynaud déjà présent en 2012 ; « ce jour-là une collègue m’a appelé pour me dire qu’il y avait eu des tirs et des enfants blessés ». L’enseignant une fois passé le cordon de sécurité plongeait dans l’horreur, « il fallait ouvrir des salles pour les policiers, les psychologues » et fait face dignement « il y avait les enfants et les parents affolés, on a agi tel qu’on nous le demandait, sans réfléchir ».
Derrière le bouclier, les rires des enfants
Ohr Torah compte 25 enseignants, 8 membres de direction pour 150 élèves dont 30 internes. De l’extérieur l’école a des allures de bunker. Brise-vue en métal, caméras de vidéo surveillance en pagaille, barbelés et vigile à la carrure d’agent du Mossad. « Nous offrons beaucoup de garantie au niveau de la sécurité désormais, c’est vrai qu’on dirait une forteresse, mais à l’intérieur c’est une école comme les autres, avec des enfants qui jouent au foot ou à cache-cache » assure le prof qui ne comprend toujours pas comment son établissement a pu être ciblé « c’est inhumain s’attaquer à des enfants innocents juste parce qu’ils sont juifs, c'est inexplicable qu’un être humain puisse faire cela » dans cette école « qui restera à jamais différente parce qu’elle a connu quelque chose qu’on a du mal à concevoir. »