Toulouse. Vous voulez gagner 18 000 euros en restant 2 mois au lit ? C’est possible (avec quelques contraintes)
La clinique spatiale de Toulouse cherche des volontaires pour participer à une étude de simulation d’apesanteur.
23 janvier 2023 à 22h15 par La Rédaction
“L’alitement est très strict” prévient Marie-Pierre Bareille, responsable de la clinique spatiale de Toulouse, située dans le C.H.U. de Rangueil. “Pas de visites, pas le droit de poser le pied par terre ni de se redresser trop longtemps, et les repas seront soigneusement préparés en fonction des besoins de chaque volontaire”, ajoute-t-elle. Les douze participants à cette étude hors du commun auront tout de même droit à leur téléphone portable pendant les deux mois d’alitement et d’isolement nécessaires à l’expérience.
Mais dans quel but? “L’objectif, c’est Mars” résume Marie-Pierre Bareille. L’Institut de Médecine et de Physiologie Spatiales (Medes) organise cette étude à la demande des agences spatiales françaises (CNES) et européennes (ESA). Les résultats serviront à préparer de futurs vols d’exploration spatiale, notamment vers la planète rouge. Et plus précisément, l’expérience servira à déterminer si, pendant ces longues missions de plusieurs mois, la gravité artificielle pourra améliorer la qualité de l’exercice physique pour contrer les effets de l’apesanteur. Les résultats permettront également d’étudier les effets de la sédentarité sur les métabolismes.
Une indemnisation exceptionnelle pour un dispositif hors norme
L’étude durera au total trois mois : aux 60 jours d’alitement total s’ajoutent deux semaines avant et deux autres ensuite, pour réaliser les mesures, tests et contrôles : musculaires, cardiovasculaires, sanguins, ophtalmologiques, neurologiques, psychologiques… Et elle est indemnisée. Chaque volontaire recevra 4500 euros par an (le maximum autorisé annuellement par la législation) pendant quatre ans, soit 18 000 euros au total.
Les volontaires - deux par chambre - devront rester couchés à 6 degrés d’inclinaison, la tête plus basse que les pieds, pour reproduire les effets de l’apesanteur sur le corps. Ils seront répartis aléatoirement en trois groupes : dans le premier, les participants feront chaque jour un entraînement de vélo couché tout en tournant dans la centrifugeuse, pour associer un effort physique à une gravité artificielle. Le deuxième groupe devra lui aussi pédaler régulièrement mais sans centrifugation. Enfin le troisième groupe ne fera… Rien. Ou du moins pas grand-chose : ni exercice, ni centrifugeuse, pour servir de témoin à l’expérience.
Profils recherchés : des hommes, entre 20 et 45 ans, en parfaite santé et non-fumeurs. Et pourquoi pas des femmes? “Parce que nous devons réunir un groupe le plus homogène possible pour que l’analyse soit valide sur le plan statistique” répond la directrice, “mais bien sûr, l’étude féminine suivra.” Après un entretien téléphonique, les candidats devront passer une batterie de tests médicaux, physiques et psychologiques pour être retenus.
“Il n’y a pas de risque particulier à rester couché pendant deux mois”, souligne Marie-Pierre Bareille, qui précise que les participants sont accompagnés après le lever pour retrouver au plus vite leur métabolisme habituel. “Pas de risque d’escarre, rien de cet ordre. Par contre, des maux de tête sont fréquents les premiers jours dûs à l’afflux du sang vers le haut du corps. Ensuite l’organisme régule cela tout seul”. Enfin, la responsable précise que “la loi est très claire, un volontaire peut se retirer à tout moment”, mais si la sélection est poussée, c’est bien dans le but d’éviter tout désistement.
La première session se déroulera du 4 avril au 7 juillet 2023, et une nouvelle étude sera réalisée l’an prochain avec douze nouveaux participants. Renseignements et candidatures sur le site www.medes.fr
Marie-Dominique Lacour. Crédits Photos : Medes