Toulouse : Mickaël Fraysse l’entrepreneur tarnais qui aurait détourné 35 millions d’euros
L’homme, originaire d’Albi, serait en fuite à l’étranger après avoir organisé une escroquerie au préjudice de petits épargnants. Un des avocats des victimes nous raconte.
18 avril 2022 à 13h20 par Brice Vidal
Un entrepreneur toulousain, originaire d’Albi, dans le collimateur de la justice. Mickael Fraysse, ancien gérant de la société CN2i, serait actuellement introuvable. Il est soupçonné d’avoir arnaqué environ 400 investisseurs qu’il appelait ses "familles". Le préjudice avoisinerait les 25 à 35 millions d’euros.
Tout commence au début des années 2010. Lorsque ce courtier « propose à des petits épargnants d’investir dans des centrales solaires » explique l’avocat toulousain Me Ibrahima Bangoura avocat d’une cinquantaine de victimes de l’homme d’affaires. « Il promet 6 à 10% de rendement », expliquant revendre l’électricité produite à divers distributeurs dont EDF. Tout semble "clean" et le business tourne. Les investisseurs, « souvent des retraités qui ont placé une partie de leurs économies » précise le conseil, perçoivent les rendements proportionnels à la quote-part investie, à tel point que Mickael Fraysse proposera un temps de racheter les kits solaires à plusieurs investisseurs. La crise sanitaire aurait finalement révélé une fraude à grande échelle.
Une pyramide de Ponzi : un système totalement illégal
En 2020, le gérant annonce à ses "familles" ne plus pouvoir verser les rendements « alors que le soleil brille toujours » sourit l’avocat qui s’est aperçu « que CN2i avait investi parallèlement dans le secteur de l’hôtellerie en Espagne, France et Roumanie ». Colère des clients qui demandent le rachat de leur quote-part, comme le prévoit le contrat. Mickael Fraysse, dont la société CN2i ne possédait vraisemblablement qu’une boite aux lettres dans un centre d’affaires quartier Jean-Jaurès à Toulouse, fait le mort. Alors que le business model précisait que l’électricité revendue permettait de rémunérer les investisseurs, les petits épargnants comprennent que « l’argent des nouveaux investisseurs servait en fait à payer les anciens » : c’est « une pyramide de Ponzi et c’est totalement interdit ». « M. Fraysse l’affirmerait dans des circulaires internes » nous explique une source proche du dossier. Avec la récession économique, les investisseurs se seraient faits rares et la bulle aurait éclaté.
Aujourd’hui, l’Albigeois serait à l’étranger, peut-être dans un pays hispanophone sans accord d’extradition avec la France. Il a pris soin de clôturer ses comptes bancaires et aurait détourné 25 à 35 millions d’euros via des paradis fiscaux. Impossible de recouvrer les créances alors que certains épargnants ont placé jusqu’à 600 000 euros dans ce placement, « le panier moyen des victimes de Fraysse se situe autour de 50 000 euros » précise Me Bangoura.
Y a-t-il un groupe criminel derrière Mickaël Fraysse ?
Me Ibrahima Bangoura, qui défend une cinquantaine de clients dont un originaire de Haute-Garonne, a saisi le tribunal de commerce qui a placé CN2i en liquidation et nommé un mandataire judiciaire, mais c’est le volet pénal qui prend maintenant de l’épaisseur. Le procureur de la République de Toulouse Samuel Vuelta-Simon s’est dessaisi au profit de la JIRS de Bordeaux – juridiction spécialisée disposant de moyens importants dans la lutte contre la criminalité internationale.
Mickael Fraisse, homme au train de vie fastueux qui occupait une villa dans la commune huppée de Lacroix-Falgarde, est-il un homme de paille à la solde de financiers peu scrupuleux ? Où dorment les dizaines de millions volatilisés ? L’entrepreneur a-t-il "fait ses classes" auprès du cabinet de courtage Legendre Patrimoine – qui a eu des démêlés judiciaires - comme l’affirme le site www.warning-trading.com ? C’est ce que la justice va tenter de savoir. Interrogé par nos confrères de La Dépêche du Midi, le mis en cause affirmait vouloir revenir en France "quand l'affaire sera jugée correctement" et "ne pas être en cavale".
Photo - Me Ibrahima Bangoura