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Toulouse : le recadrage des autorités de santé après les fugues de psychiatrie

Equipes de sécurité, fermetures des portails, postes de contrôle avancés, vidéo-surveillance... Le traitement de choc après la tourmente.

3 février 2022 à 15h52 par Brice Vidal

 

Les fugues d’établissements psychiatriques ont fait la Une depuis 15 jours. La première de la série aurait pu mener à un drame puisqu’un schizophrène baptisé « le cannibale des Pyrénées » - après un meurtre et des actes anthropophages en 2013 - a agressé une retraitée en plein centre-ville. Il s’était enfuit du CHS Marchant. L’ARS a tapé du poing sur la table, son « dialogue sur la psychiatrie avec les représentants des instances de démocratie sanitaire et de santé mentale » en Haute-Garonne le 3 février a accouché de plusieurs mesures.

 

Les patients de Marchant sous étroite surveillance

 

Dans la foulée des deux premières évasions, l’Agence régionale de santé avait demandé « un rapport circonstancié » puis diligenté « une mission d’inspection » à l’hôpital Marchant (CHS). Sans attendre les résultats des investigations, plusieurs mesures sont prises, notamment concernant la sécurisation des accès :

- Fermeture du portail côté sortie et réduction des horaires d’ouverture du portail du côté entrée. Objectif : mieux contrôler les entrées et sorties de l’établissement.

- Mise en place d’un poste avancé du bureau des admissions, pour le contrôle des justificatifs de sorties des patients.

- Renfort via une société externe en matière de sécurité (4 agents 24h/24 et 7J/7).

Par ailleurs l’état clinique des patients pénalement irresponsables après des infractions « va être réévalué » à Marchant avec « une vigilance particulière pour les situations cliniques à risque ». Comprenez : les malades les plus dangereux seront tous sous haute surveillance. L’effectif des cadres de santé a été porté de 2 à 3 le week-end dernier. La direction a été renforcée le samedi matin. Un audit de sécurité « appuyé par des experts externes et par les forces de l’ordre » est prévu au Centre hospitalier G. Marchant et visera à examiner les forces et faiblesses en matière de sécurité sur ce site de près de 44 hectares.

 

La psychiatrie du CHU de Toulouse va revoir ses issues de secours et va installer clotures et vidéo-surveillance

 

Une « évaluation des soins et de l’état clinique des patients » est également menée au CHU de Toulouse. Cette mesure s’ajoute « à une adaptation du fonctionnement des issues de secours afin qu’elles ne soient plus asservies au Système Incendie ». A moyen terme, une réorganisation est envisagée « pour créer un espace sécurisé extérieur » et « ainsi consolider la sécurisation extérieure » (vidéo protection et clôtures). Une inspection est actuellement en cours.

 

Rappel des modalités de prises en charge en psychiatrie

Dans le cadre « des échanges organisés avec les représentants des instances de démocratie sanitaire et de santé mentale en Haute-Garonne » l’ARS rappelle les dispositifs qui encadrent les admissions d’une personne en soins psychiatriques sans consentement ou les situations d'irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental : « le consentement aux soins est le principe général », « largement minoritaires les soins sans consentement doivent rester l’exception... » A l’occasion de ces échanges, l’ARS a confirmé « sa volonté de rester à l’écoute des différents points de vue et d’agir en transparence ». A ce stade aucun des directeurs de site n'a été démis de ses fonctions...

 

Lieu d’hospitalisation et spécificités

Zone ouverte : Liberté d’aller et venir, seul ou accompagné, selon les consignes médicales, dans l’enceinte du Centre hospitalier ou en ville.

Zone fermée en ouverture de cadre : Prise en charge dans une zone fermée avec autorisation ponctuelle dans l’unité.

Zone fermée : Sortie de la chambre autorisée, dans une zone fermée.

Chambre d’isolement : Isolement strict sans sortie de la chambre.