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Toulouse : le promoteur de l’ensemble immobilier de La Grave dit-il tout "haut" ce qu’il a prévu ?

Publié : 23 novembre 2020 à 21h31 par Brice Vidal

Un recours contentieux a été déposé par une association.

 

Les travaux de l’ensemble immobilier de La Grave à Toulouse commencent en décembre. Mais le promoteur dit-il tout "haut" ce qu’il a prévu ?

Les autorisations ont été accordées et les différentes étapes - permis de construire etc - sont franchies. Pourtant l’association « les Toulousains de Toulouse » a déposé en août un recours - contre la mairie - relatif au projet Cour du Dôme, porté par le promoteur Kaufman & Broad. Car le recours gracieux déposé auprès de la mairie de Toulouse a été rejeté.

La justice administrative va donc devoir trancher.

 

La question esthétique : 15 mètres oui, 21 mètres non

Les Toulousains de Toulouse ne sont pas des habitués des recours contentieux, depuis 1904 que l’association a été créée "c’est la première fois" explique Aline Tomasin, la présidente. Elle n’a évidemment "rien contre le promoteur" car après tout "ils font travailler les architectes". Mais elle estime la hauteur des futurs immeubles "excessive" pour "ne pas nuire à la perception de l'ensemble".

Elle veut que les bâtiments "s’alignent sur ceux du 18e siècle" (environ 15 mètres). L'ancienne conservatrice régionale des monuments historiques illustre son propos : "il y avait un premier bâtiment construit par l'hôpital le long de la rue du pont Saint-Pierre, je dis cela pour ceux qui l'ont en mémoire : il était à la bonne hauteur. Et là on sera à 6 mètres de plus" se désole-t-elle. La Grave c’est la photo la plus prisée de Toulouse. Certes, le PLU autorise à construire à une vingtaine de mètres, "la mairie a rejeté le recours gracieux pour cette raison". Pour Aline Tomasin "21 mètres ce n'est pas une obligation !", elle pointe "une fraude" car le promoteur présente des plaquettes où "les proportions sont faussées" (Photo ci-dessous). 

 

Pour K & B : le nouveau bâti est à 21 mètres quand l'ancien était de 27 mètres

Jacques Rubio, directeur général régions de Kaufman & Broad réfute le réalisme de ces photos (photo de tête) pointées par les requérants : "Elle mélange la photo d'une perspective et les coupes réelles. C'est une vision tronquée ce Dôme à proximité, ça n'est pas la réalité ! Vous pensez bien qu'un tel projet a été vu par les Bâtiments de France et par Joan Busquets architecte du centre de Toulouse et l'architecte du patrimoine. Et il respecte le PLU (plan local d'urbanisme)" explique-t-il.

Le permis de construire a été obtenu "plus d'un an avant qu'une partie de l'association ne dépose sa plainte" souligne-t-il. "Notre bâti sera de plus de 21 mètres, alors que l'ancien bâtiment faisait 27 mètres de haut" note Jacques Rubio. Kaufman & Broad a-t-il retouché les photos quand la controverse a débuté ? "Retouché non. Une agence marketing a fait une photo d'une terrasse avec un zoom sur le Dôme" reconnaît le dirigeant "mais c'est pas la réalité de l'implantation du bâtiment."

 

Des négociations "pas raisonnables" pour le promoteur

L’association "les Toulousains de Toulouse" laisse entendre que l’ouverture de négociations sur la hauteur entraînerait le retrait de son recours au tribunal administratif. "Pas raisonnable alors que le permis est délivré et les logements vendus" estime à notre micro le promoteur.

 

Le projet Cour du Dome

 

Les démolitions sont achevées et les travaux démarrent en décembre. Le projet comprend 232 logements dont 90 logements sociaux et une trentaine de logements en accession maîtrisée avec un plafond de 300 euros/m². L'ensemble aura 400 places de parking dont 60 réservées aux habitants du quartier, 900 m² de commerces. Le prix moyen du m² : 6500 euros, mais sept logements au dernier niveau ont été vendus 11 000 euros/m². Le terrain a été vendu 1000 euros/m² au promoteur (23 millions pour 23 000 m² de plancher).

 

Cette vue éditée par K & B correspond à une hauteur de bâti de 15 mètres.