ActualitésHaute-Garonne

Toulouse : l’imam d’Empalot condamné en appel pour provocation à la haine antisémite

Mohamed Tataïat écope de 4 mois de prison avec sursis et de lourds dommages et intérêts à payer après un prêche de 2017.

31 août 2022 à 14h59 par Brice Vidal

 


Il avait appelé à tuer des juifs dans son prêche, citant un hadith controversé.

La cour d’appel de Toulouse, révoquant la décision de première instance du 14 septembre 2021, a condamné ce mercredi Mohamed Tataïat à 4 mois de prison avec sursis. L’imam d’Empalot devrait aussi payer plus de 20 000 euros de dommages et intérêts à plusieurs parties civiles (SOS Racisme, Licra, Crif, association Ben Gourion...). Devrait payer, car son avocat Me Jean Iglésis a annoncé l’intention du religieux musulman de se pourvoir en cassation. Il était reproché à l’imam de la nouvelle Grande Mosquée d’Empalot d’avoir récité devant plus de 3000 personnes le 15 décembre 2017, la prophétie de « la Pierre et de l’Arbre », un texte antisémite appelant à tuer les juifs. « Il y a un juif derrière moi, viens et tue-le » un hadith vieux de 14e siècle. 

 

La défense craint une jurisprudence de "police de la religion"

Pour son avocat, cette décision « peut poser un problème majeur pour toutes les religions, c’est un véritable sujet de société » car « demain qui n’envisagera pas de poursuivre un commentaire de l’Apocalypse selon Saint-Jean ou un verset du Coran : c’est une porte ouverte à la police de la religion ». Mohamed Tataïat « malade » selon son avocat n’était pas présence lors de la lecture de l’arrêt de la cour. 

 

"On peut faire l'exégèse de textes religieux, mais sans haine" rétorque la partie civile

Selon Me Jacques Samuel avocat de l’association Ben Gourion, partie civile, la cour a reconnu « la duplicité que contenait les propos de l’imam » et « elle n’a pas sanctionné l’islam, ni le hadith. On peut faire l’exégèse de textes religieux si on est de bonne foi et sans haine », rappelant que Mohamed Tataïat avait aussi cité lors de la lecture de 2017 « des chefs terroristes comme le Cheick Yacine » du Hamas. « Mohamed Tataïat n’est pas un homme qui s’est laissé emporter, il sait qu’il s’exprime à Toulouse là où pour la première fois un terroriste au nom de la parole du Prophète s'est introduit dans une école maternelle et une école primaire » franchissant « les limites de l’insoutenable » et « Tataïat ne pouvait pas l’ignorer » réagissait Me Simon Cohen, représentant notamment la Licra.