Tarn. Sur fond de négociations avec la grande distribution, les agriculteurs prêts à hausser le ton.
Les Jeunes Agriculteurs du Tarn ont organisé une nouvelle mobilisation ce mercredi 16 février 2022 devant les Intermarché de Castres et Labruguières. Ils dénoncent des prix d'achat trop bas, alors que syndicats et grandes enseignes sont au coeur de leurs négociations annuelles.
Publié : 16 février 2022 à 15h11 par Axel Mahrouga
Sur le parking de l'Intermarché de Castres (Tarn), les habituels véhicules stationnés jouxtaient ce matin tracteurs et véhicules agricoles chargés de fumier. Les Jeunes Agriculteurs du Tarn organisaient une nouvelle opération coup de poing, après celle montée il y a deux semaines devant un Leclerc castrais.
Comme pour leur première action, ils dénoncent les prix trop bas pratiqués par la grande distribution, fragilisant la santé économique des exploitants locaux. « On veut vraiment que l'agriculteur soit rémunéré à sa juste valeur, commence Christopher Régis, le vice-président des Jeunes Agriculteurs tarnais, et qu'on arrive à vivre vraiment de notre métier ».
Cette fois encore, ils souhaitent mettre la pression sur les grandes enseignes en récupérant des caddies de marchandises non-locales pour les donner à des associations. Mais ce matin, en accord avec la direction de l'Intermarché, ce seront deux palettes de lait qui seront données aux restos du cœur. Les deux caddies remplis n'ont été que symboliques pour ne pas pénaliser les stocks de l'enseigne indépendante.
L'opération s'est déroulée dans le calme, sous l'œil des forces de l'ordre et du propriétaire du magasin Stéphane Friez. Pour lui, leur action est « normale, à partir du moment où on arrive pas à faire vivre nos entreprises ou nos exploitations, il est normal d'exprimer son mécontentement ». Mais pour le gérant, « est-ce qu'on est les bons responsables ? Je ne pense pas. On assume complètement de vendre des produits parce qu'on est en bout de chaîne, mais c'est un peu simple de taper sur celui qui est en bout de ligne et ne pas regarder ce qu'il se passe entre les lignes. »
Négociation en cours
La mobilisation s'est terminée sur Castres par le déversement de paille sur les caddies de l'enseigne, devant le regard agacé du gérant. Départ ensuite pour l'Intermarché de Labruguières. Le cortège, composé de plusieurs tracteurs, s'est rapidement transformé en opération escargot le long de la route remontant le Siala.
Devant le Leclerc, les agriculteurs ont fait une halte imprévue et ont déversé du fumier sur le rond-point avant de bloquer quelques minutes l'une des entrées du centre-commercial.
À Labruguières, la même opération a été montée et le magasin s'est engagé à donner une palette et demie de lait aux restos du cœur.
Ce genre d'opération n'est pas isolé aux agriculteurs tarnais. En ce moment même, syndicats et acteurs de la grande distribution sont au cœur de leurs négociations annuelles sur les prix d'achat et de vente. Des discussions rendues, cette année, tendues par l'entrée en vigueur fin 2021 de la loi Égalim 2, visant à protéger la rémunération des agriculteurs.
D'autres mobilisations à prévoir
Tant que ces négociations n'auront pas abouti, les agriculteurs espèrent bien continuer à mettre la pression sur le terrain. Sur le parking de l'Intermarché de Labruguières, Christopher Régis confie que « ça gronde dans les fermes. Il faut s'attendre à ce que ça augmente de plus en plus ». Il prophétise que « lorsque ça va très mal se passer, on aura une cinquantaine ou une centaine d'agriculteurs et qui seront là pour que ce soit fait vite et comme il faut ». Il prévient cependant « qu'on n'est pas là pour casser ! ».
Mais d'ici là, d'autres actions sont à prévoir. « On a fait une étape il y a quinze jours, là, on est passé à la seconde étape, là il y a un peu de fumier et un peu de paille, mais il y aura un troisième passage et il sera beaucoup plus expressif. Là, on fait monter la moutarde. ». La menace est lancée.