Sécheresse : comment le canal de St Martory se modernise pour ne pas assécher la Garonne
Publié : 25 juillet 2019 à 22h37 par Brice Vidal
La solution : un procédé - à contre-courant - appelé seuil en bec de canard.
Alors que la région est de plus en plus touchée par les périodes de sécheresse, les mentalités évoluent encore trop doucement dans le Sud-ouest concernant les économies d'eau.
Peut-être plus sensibilisé que certains exploitants ou particuliers, le Syndicat mixte des Eaux et de l'Assainissement Haute-Garonne (SMEA) a décidé de prendre le problème à bras-le-corps. Pas question de noyer le poisson.
Réseau 31 veut arrêter d’assécher la Garonne. Un fleuve qui souffre trop pendant les canicules. Actuellement, son débit est très faible, un regard sur les berges suffit pour s'en apercevoir à Toulouse.
Des millions de m3 pompés dans la Garonne
Un faible niveau d'étiage qui s'explique en partie par un dispositif : en Comminges, une partie des eaux de la Garonne est envoyée dans le canal de Saint-Martory. Un ouvrage du XIXe siècle de 70 km qui alimente Toulouse et son aire urbaine. Agriculteurs (irrigation), industriels (SETMI, Antargaz), mais aussi les particuliers (usine d'eau potable de Tournefeuille, alimentation du lac de La Ramée...) en profitent. Il faut savoir que 80% des habitants de Haute-Garonne boivent une eau provenant du fleuve.
Eviter le surprélèvement
Réseau 31 a décidé de faire le chasse au gaspis, en installant des seuils en bec de canards pour diminuer les temps de transfert d’eau et au final permettre d’en ponctionner moins. "5 millions de m3 pourrait être ainsi économisés lors des mois difficiles" affirme Yann Oudard, Directeur adjoint des services techniques chez Réseau 31. "Actuellement en période de sécheresse, le débit de la Garonne à Valentine est de 20 m3 seconde et le canal prend 8 m3. Ce n'est pas négligeable !"
Pas de volumes stockés, mais des volumes prélevés en moins
Réseau 31 voudrait donc diminuer de 20% le prélèvement destiné au canal à Saint-Martory.
Ces seuils en bec de canard sont un procédé nouveau dans le département, copié chez des distributeurs du Sud-est comme la Société du Canal de Provence. "Ils vont permettre de diminuer les temps de transfert" explique Yann Oudard.
Concrètement, pour connaître à Saint-Martory le nombre d'hectolitres/seconde prélevé en moins sur Toulouse, il faut 17 heures. 17 heures pendant lesquelles un survolume est prélevé dans le fleuve. Le nouveau dispositif permettra de réduire le laps de temps à 10 heures.
Une trentaine de seuils classiques préexistaient sur le canal de Saint-Martory, le SMEA est en train d'installer une dizaine de seuils en bec de canard pour un budget de 2 millions d'euros. 6 ont été posés, 4 le seront d'ici trois ans "sachant que tout ce système sera couplé avec un réseau de mesures perfectionné pour savoir en temps réel ce qu'il se passe " conclut le Directeur adjoint des services techniques de Réseau 31.