ActualitésTarn

REPORTAGE. Soldat du feu d'un jour

A l'occasion des Duoday, quatre membres de l'ESAT des Ateliers de Braconnac ont pu s'immerger, le temps d'une journée, dans le quotidien des pompiers de Castres. Sans uniforme certes, mais intégrés à leurs collègues d'un jour.

Publié : 18 novembre 2021 à 13h20 par Axel Mahrouga

C'est au son d'une compilation des Guns & Roses que Bryan, enfile ses gants. Après quelques répétitions de tirage horizontal pour travailler les muscles du dos, c'est sur le sac de frappe qu'il va faire monter son cardio. Ses coups sont cadencés par le rythme de la foulée d'Enzo qui, derrière lui, termine son footing sur le tapis de course. Leurs conditions physiques doit être au top pour affronter les épreuves de la journée. 

Comme leurs collègues d'un jour, pour les quatre membres de l'Établissement et service d'aide par le Travail, (ESAT), des ateliers de Braconnac, c'est autour de la cuisine, installée dans le foyer, qu'il débrieferont leur séance. Cet univers, fait de camions, d'urgences et de fraternité est nouveau pour eux. Atteints de handicaps, ils sont plus habitués à fréquenter la blanchisserie de l'établissement ou effectuer des travaux sur les espaces verts qui leur permettent de les aides à s'insérer sur le marché de l'emploi. 

Entre deux cafés et trois croissants, ils sont là, accoudés au bar, encerclés par les soldats du feu. De part et d'autre du petit groupe, les anecdotes d'interventions fusent. Ces quatre invités, eux, n'ont pas l'uniforme aujourd'hui. Mais c'est tout comme. 


 

Café, rassemblement et équipement

Pas question pour eux aujourd'hui de se rendre sur une intervention. D'ailleurs ce matin, lorsque les secours ont dû être dépêchés, ils ne sont restés que simples spectateurs d'un balai d'hommes et de femmes en noir et rouge, filant vers les camions qui démarrent toute sirène hurlante. 

Tandis que dix-heures sonne, les quatre garçons se dépêchent de s'aligner en face du camion. Leur responsable, pour la journée, déroule le programme de la matinée. Ce sera échelle et exercice de lance. 
Regroupés avec leurs formateurs dans la cour arrière de la caserne, ils voient arriver d'abord le fourgon pompe-tonne qui va se gérer derrière eux. Arrive ensuite la grande échelle. Leurs yeux brillent comme ceux des enfants devant le véhicule, mais leurs corps trahissent une certaine appréhension. Ils le savent, ce n'est plus qu'une question de minute avant qu'ils ne soient perchés tout en haut. 

Ces engins, Patrick, ne les avait vus en action qu'à la télévision. Le quarantenaire ne rate pas un épisode d'«Appel d'urgence», la série de reportages diffusée par un grand groupe privé. Aujourd'hui, il veut savoir « comment ça se passe au quotidien, dans une caserne ». Et tandis qu'il termine de visser son casque doré sur sa tête, il sait déjà qu'il sera servi. 

Lancés dans le grand bain

Le petit groupe se sépare alors. Enzo et son compagnon terminent d'être harnachés. « Pas d'appréhension particulière ? », lui demande son instructeur. « Non aucune », répond le jeune homme qui n'attend qu'une chose, monter à 25 mètres au-dessus de la caserne.

Lorsqu'il redescendra de la nacelle, c'est avec le sourire d'un bambin qui n'aspire qu'à recommencer, qu'il racontera son expérience à son accompagnant. « Ah ça oui, on a une belle vue sur Castres ! », s'exclamera-t-il.

Juste à côté de lui, Patrick termine de se placer sur la lance. Il se cramponne au tuyau, accoudé à Byran qui, lui, tient l'extrémité avec l'aide de l'instructeur. La pression monte dans le camion derrière, le levier est actionné et les deux néo-pompiers sont légèrement secoués vers l'arrière. « Ah ouais ! », lance d'étonnement Bryan, alors qu'il tente de contrôle le jet. 

Il l'avouera ensuite « il va falloir encore s'entraîner » pour maîtriser complètement la lance. D'autant plus que les instructeurs ne leur ont pas mis entre les mains les plus grosses pression d'eau que le camion puisse produire. Mais c'est déjà pas mal !

Ca y est, ils ont eu le baptême de pompier. Et c'est à la cantine, avec les soldats du feu, qu'ils vont ensuite pouvoir revenir sur leur expérience. Enfin, avec leurs collègues, le temps d'une journée.