Reconstitution dans l'affaire Jubillar : une accusation confortée et un suspect qui nie toujours avoir tué
La reconstitution judicaire s'est tenue entre 20h et 2h30 du matin entre mardi et mercredi.
14 décembre 2022 à 4h17 par Brice Vidal
Echarpes et bonnets étaient de rigueur dans la nuit de mardi à mercredi à Cagnac-les-Mines. Quelques dizaines de journalistes étaient cantonnés au niveau du boulodrome pour duplex et comptes-rendus, quand plusieurs centaines de gendarmes verrouillaient les accès aux rues donnant sur la maison du couple Jubillar, rue Yves Montand : chemin de Drignac ou rue Jean Ferrat notamment. Les avocats, défense et parties civiles, arrivaient aux alentours de 20 heures, certains en profitaient pour faire quelques déclarations. Cédric Jubillar, suspecté depuis 18 mois d’avoir tué sa femme et fait disparaître le corps dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, allait-il craquer lors de la reconstitution judiciaire programmée dans sa maison ? Resterait-il campé sur ses positions en refusant de mimer des gestes qu’il réfute.
Une reconstitution nécessaire....
Une interminable attente commençait. Le maire de Cagnac, Patrick Norkowski partait avant le début de la reconstitution à proprement parler ; « elle était nécessaire, le dispositif est vraiment impressionnant, je n’ai visité que le PC. Je n’ai pas été jusqu’à la maison des Jubillar. Revivre ça est évidemment pénible pour tout le monde ». Vers 22H30 un ingénieur du son était convoqué, venait-il pour mesurer les fameux « cris d’effroi » entendus par deux témoins ? Probablement. Dans nos précédents articles sur le sujet, nous mettions en exergue au moins trois points de l’instruction en mesure d’être vérifiés ce soir : la possibilité d’entendre les fameux cris à 130 mètres de l’habitation du couple, la position de Louis Jubillar qui affirme avoir vu dans l’interstice de la porte du couloir ses parents se disputer avant la disparition de sa mère et le podomètre d’un Cédric Jubillar, affirmant avoir cherché son épouse, mais qui n’enregistrait que 300 pas entre 3h50 et 4h50, heure de l’arrivée des gendarmes. Me Jean-Baptiste Alary, un des trois avocats de la défense a indiqué attendre « qu’on nous donne le scénario de l’accusation qui semble en peine de nous dire ce qu’il s’est passé cette nuit-là ».
qui semble conforter l'accusation...
Les indices de l’accusation ont visiblement été vérifiés à Cagnac-les-Mines et Cédric Jubillar a continué de nier avoir tué sa femme en décembre 2020. La reconstitution judiciaire a duré de 20h à 2h30 du matin. Pour les avocats de la partie civile le scénario de l’accusation se dessine. Les éléments à charge ont été corroborés cette nuit : les cris d’effroi entendus par deux voisines, le petit Louis Jubillar qui affirme avoir vu ses parents se disputer. Pour Malika Chmani l’un des avocats de Louis, la culpabilité de Cédric Jubillar ne fait guère de doute, "le dossier n'est pas vide et ç'a permis de ficeler et de voir que les dépositions sont cohérentes" ; "le témoignage de la voisine qui a entendu les cris est d'autant plus crédible ce soir" estimait Me Mourad Battikh l'avocat de la famille de Delphine, "lorsque des témoins disent qu'ils ont observé la position du véhicule, ils le maintiennent ce soir avec force" et "sans doute qu'une dispute a dégénéré et que ç'a pu aboutir à des coups fatals" ajoutait l’avocat Me Laurent Boguet. La reconstitution "conforte les éléments de l'accusation" assénait Me Laurent De Caunes.
Mais ne convainc pas la défense
A l'inverse pour Me Alexandre Martin, l’un des avocats de la défense, l’accusation n’a pas pu présenter la moindre scène criminelle, "on a reconstitué des petits points de cette soirée, des témoins sont venus confirmer ce qu'ils avaient dit sur le sens de la voiture, on a essayé de voir ce que l'enfant voyait depuis le couloir, et on s'est aperu qu'il fallait que la porte soit bien grande ouverte, on a fait crier une femme en pleine nuit mais sans qu'il y ait des cris de chiens" alors "au final ça n'a rien apporté" tranchait-il.