Le système de santé occitan risque de ne pas tenir longtemps.

 

L'agence régionale de santé Occitanie tire la sonnette d'alarme. L'impact du variant Delta se confirme. Les premières évacuations sanitaires ont été ordonnées ce mardi dans la région. La hausse des hospitalisations, très brutale par rapport aux vagues précédentes, a obligé les autorités à envoyer des patients "de Narbonne et Montpellier vers les Hauts de France et le Grand Est" a indiqué Jean-Jacques Morfoisse directeur général adjoint de l'ARS. 

 

Des taux d'incidence hauts et stables

Les taux d'incidence "se stabilisent à des seuils extrêmement élevés depuis une dizaine de jours", il existe aussi "des disparités" ; on observe une baisse dans les P-O (à 491 patients positifs pour 100 000 habitants), sur la Haute-Garonne (402 patients positifs pour 100 000 habitants) et dans l'Aude (432 patients positifs pour 100 000 habitants). Record régional pour l'Hérault ou le taux d'incidence atteint 601 cas positifs pour 100 000 habitants. Chez les jeunes de 20-29 ans, la situation est très inquiétante avec un taux d'incidence de 1000 ! "Certes protégées par la vaccination" on observe aussi une remontée des taux chez les personnes plus âgées au delà du seuil d'alerte de 50.  

 

Les réa bientot incapables d'accueillir des malades 

Conséquence : les services hospitaliers seront bientôt totalement saturés, un niveau d'admission inconnu en Occitanie jusqu'ici "c'est très brutal avec des hausses de + 30% à + 65%" a expliqué Jean-Jacques Morfoisse. Il y avait "une trentaine de patients en réanimation en juillet" mais la courbe de cette 4e vague "est exponentielle", selon les projections de l'Institut Pasteur. "Nous sommes déjà aujourd'hui à plus de 200 patients Covid en réanimation". Ce qui amène le point de rupture "d'ici la fin de la semaine", en réalité compte tenu d'un capacitaire qui peut être augmenté, les services de réanimation occitans seront incapables d'accueillir de nouveaux patients aux alentours du 19 août. D'où le passage en plan Blanc et désormais les premières évacuations sanitaires.     

 

Les soignants fatigués et majoritairement remontés contre les non-vaccinés

"L'immense majorité des personnes hospitalisées pour Covid graves n'est pas vaccinée, environ 90%" regrette Vincent Bounes le patron du Samu 31. Le risque de rupture en réanimation est bien réel, il s'explique selon Vincent Bounes par la pénurie de soignants en période estivale qui a justifié le déclenchement du Plan Blanc, d'autant que les blouses blanches "sont très fatiguées". Et on observe même désormais "des phénomènes marginaux" : "des soignants en manque d'empathie pour les personnes non vaccinées admises pour Covid". Ceux qu'on applaudissait aux fenêtres il y a 18 mois ne comprennent pas "que des personnes ayant tous les facteurs de risque ne soient pas vaccinées et font un Covid grave". 

L'ARS rappelle graphiques à l'appui "combien la vaccination protège des formes graves" et souligne que "cela évite les hospitalisations en soins critiques".  D'ici demain on devrait "dépasser les 7 millions de doses administrées en Occitanie". 57 % de la population est totalement vaccinée en Occitanie, 69 % l'est partiellement.