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Pyrénées Catalanes : une polémique autour de l'abattage d'un cerf à Eyne

Un cervidé se balade dans cette commune de montagne depuis plusieurs mois. Un émerveillement pour certains, mais une source de plaintes pour d'autres. Explications. 

13 avril 2022 à 18h01 par John Bourgeois


Difficile d'être passé à côté de ces vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux ces derniers mois. De nombreux habitants d'Eyne en Cerdagne (Pyrénées-Orientales) se sont retrouvés nez à nez avec un cerf, parfois au sein même de leur habitation. Si beaucoup se sont émerveillés de la présence de cet animal majestueux, d'autres ont fait part de leurs craintes. Si bien que le maire d'Eyne a été alerté, avant qu'une polémique sur l'abattage du cerf ne s'ébruite dans tout le village et même au-delà. Une pétition a même recueilli plus de 4700 signatures. 

Pas de décision d'abattage...

"J'ai été saisi par des habitants d'Eyne sur un cerf qui montrerait des comportements anormaux, notamment d'agressivité. En tant que maire et chargé de la sécurité des personnes, j'ai saisi l'Office Français de la Biodiversité" (OFB), explique Alain Bousquet, maire d'Eyne. Il l'affirme : "aucune décision d'abattage du cerf n'a été prise. Le maire n'est pas en compétence sur le traitement du problème"

 

Alain Bousquet, maire d'Eyne


...mais un risque dénoncé

Le premier édile a donc écrit au préfet des Pyrénées-Orientales et l’OFB pour qu’une solition soit trouvée. Parmi ces possibles solutions, "la capture et le déplacement de l’animal, ou même l’abattage du cerf" selon Mathilde Manya, la créatrice de la pétition. Ses parents ont une maison à Eyne où elle se rend assez souvent. Elle a entendu que plusieurs habitants se plaignaient du cerf "parce qu'il mangeait leurs fleurs", ce qui l'a poussé à contacter la mairie. Même si aucun abattage n'a été décidé, la crainte est à pour cette amoureuse de la nature.

"La décision n'a pas été prise. En tout cas, quand j'ai appelé le standard de la mairie, elle a été évoquée. Et c'est pour qu'elle ne soit pas retenue que j'ai lancé cette pétition. Pour alerter l'opinion publique, pour montrer que les gens ne souhaitaient pas que ce cerf soit abattu", précise Mathilde Manya qui avance d'autres arguments.  "Aujourd'hui, on a l'urbanisation qui grignotte un peu plus chaque jour l'habitat de ces animaux sauvages. Puisqu'ils ont moins d'espace, ils seront amenés à divaguer de plus en plus dans les villages, et donc pour nous, ce n'est pas une solution de tuer cet animal." Mathilde a finalement décidé de fermer sa pétition car l’objectif d’alerte est atteint. Elle attend désormais la réponse de la préfecture et de l'OFB.

Mathilde Manya, créatrice de la pétition contre l'abattage du cerf


Une manifestation ce samedi

De son côté l'association de protection animale Pil Poils s'est également saisie de cette polémique. Ses membres organisent une manifestation ce samedi 16 avril à 10h30 devant la mairie d'Eyne. L'objectif, alerter du
"risque" de l'abattage de l'animal. Selon Bruno Marsily, son président, le maire d'Eyne "n'a pas voulu répondre à toutes les questions sur le sujet, ni se mettre autour de la table pour parler des solutions. Je lui demande si ce cerf a blessé quelqu'un, s'il a chargé ou détruit des voitures, des grillages, et ce monsieur ne me répond pas", confie le président de Pil Poils. 

Pour le maire Alain Bousquet, cette polémique va beaucoup trop loin et prend surtout en compte un aspect "affectif". Il maintient les plaintes reçues pour la dangerosité de l'animal. Selon lui, "les dérives du comportement de la faune sauvage viennent surtout de cette attitude trop affective de l'humain de s'approprier ce besoin de rentrer en communication avec les animaux de la nature."  Il rappelle que donner à manger au cerf pourrait nuire à l'animal. Pour l'instant, ce cervidé est en vie, mais une chose est sûre, il n'aura pas fini de faire parler de lui. 
 

Bruno Marsily, président de l'association Pil Poils