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Procès Merah : "On est préparé au battage médiatique de la défense" prévient Me Cohen

Abdelkader Merah, le frère de Mohammed est jugé à partir de ce lundi en appel.

Publié : 25 mars 2019 à 6h30 par Brice Vidal

Une épreuve de plus pour les familles qui ont vécu l'indicible.

Le frère du tueur au scooter et un complice présumé, Fettah Malki, sont jugés en appel à partir de ce lundi.

Le procès se tient devant la cour d'Assises spéciale de Paris.

Condamné à 20 ans en première instance

En première instance, la justice avait reconnu Abdelkader Merah coupable d'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, tout comme Fettah Malki.

Ils avaient respectivement écopé de 20 ans et de 14 ans de réclusion criminelle.

Va-t-il être jugé complice?

Mais Abdelkader Merah avait été acquitté du chef de complicité d'assassinats. La cour a considéré "que les éléments à charge existant contre l’accusé étaient insuffisants et que le doute devait lui profiter". Concrètement il n'a pas été prouvé qu'Abdelkader Merah avait apporté une "aide ou une assistance" à son frère.

Le parquet général avait fait appel.

Une première instance "dévoyée"

Me Simon Cohen du barreau toulousain est l'un des avocats des parties civiles.

"L'accusation étant fondée notamment sur une complicité d'assassinat, il est cohérent que l'autorité de poursuite fasse appel si la juridiction tranche autrement", explique-t-il

Pour lui, l'audience en première instance a été "dévoyée par une occupation médiatique de la défense [en premier lieu l'avocat Éric Dupond-Moretti] qui a consisté à laisser penser que les droits de la défense étaient bafoués, que c'était un procès instruit sans preuve et qu'on voulait condamner A.Merah pour les actes commis par son frère."

 Pour Me Simon Cohen on y échappera pas lors de ce nouveau procès "mais cette fois nous sommes préparés."

 

Complicité d'assassinats de A. Merah : "une certitude"

Pour la partie civile, la justice n'a pas été au bout du raisonnement. Abdelkader Merah "est bien coupable de complicité d'assassinats.

Pour plusieurs raisons, estime le ténor du barreau : "Il est complice pour avoir été l'inspirateur évidemment [...] parce que des preuves l'établissent." Il y a aussi, selon l'avocat, sa complicité d'action, de co-action : "le vol du véhicule (le scooter) a été commis par Mohamed Merah avec Abdelkader Merah, mais ce dernier réprouve la délinquance de droit commun. Ce vol avait donc bien pour but de commettre un ou des attentats selon Me Cohen. Un délit classique ne peut être tolérée qu'au service de la cause pour lui [...] soit l'élimination de tous les mécréants !"  De plus, "On nous dit : les deux frères étaient fâchés, ne se fréquentaient plus. Ils se retrouveraient par hasard la veille de la tuerie de l'école juive ? Ajoutez à cela le véhicule, l'ideologie partagée, la revendication : ça ne suffit pas pour signer la complicité !?" , s'emporte l'avocat.

 

La question de la date

Enfin, ce procès intervient quelques jours après les commémorations à Toulouse des atrocités commises par Mohamed Merah en 2012 à Toulouse et Montauban [Il a assassiné sept personnes dont trois enfants juifs et fait six blessés entre le 11 et le 19 mars]. Ce moment était-il opportun ? "Difficile de répondre à cette question" estime Me Cohen. "Cette idée n'a sûrement même pas effleuré ceux qui ont pris la décision."

 

Photo : Me Simon Cohen (et l'un de ses associés, Me Marie-Hélène Pibouleau).