Privé d'héritage, le Castrais René Palous a-t-il étouffé Simone, 95 ans, pour se venger ?
Le procès de ce conseiller juridique bien connu de la sous-préfecture tarnaise se déroule jusqu'à vendredi.
Publié : 11 mai 2022 à 15h42 par Brice Vidal
On pourrait se croire dans un épisode de Colombo ou un film noir de Claude Miller voire Chabrol, mais l'histoire est vraie. René-Pierre Palous, bourgeois de province impliqué dans les oeuvres catholiques à Castres, comparait devant la cour d'assises de Haute-Garonne pour avoir tué Simone Gendreau à Castanet-Tolosan dans la nuit du 31 janvier au 1er février 2019. A l'ouverture de son procès ce mercredi, ce conseiller juridique dont le cabinet avait pignon sur rue dans la sous-préfecture du Tarn apparait dépassé par la situation dans le box. Le petit homme rondouillard a les yeux rougis par les larmes, portant ses mains devant sa bouche pour masquer ses sanglots. Il comparait pour homicide volontaire, aggravé par la vulnérabilité de la victime.
Gazée et étouffée ?
L'accusé d'une quarantaine d'années connaissait Simone Gendreau, nonagénaire en mauvaise santé, depuis une quinzaine d’années au moment des faits "une grand-mère de coeur" dira celui qui a été élevé par ses grands-parents avant que ces derniers ne disparaissent. Le matin où une auxiliaire de vie découvre le corps, l'atmosphère de la chambre de la défunte est insoutenable. Saturée de gaz lacrymogène. La femme de 94 ans est découverte en pyjama, des traces violacées sur le visage dissimulé sous la couverture. Porte close et alarme non enclenchée. René-Pierre Palous est la dernière personne à avoir vu la victime, morte étouffée. Des traces de textile seront découvertes dans sa bouche et l'ADN de l'accusé sous ses ongles. La vieille dame a été tuée, Palous, reparti à Castres dans la nuit, porte une vilaine griffure au visage.
L'accusé avait des problèmes financiers et piochait dans les économies de la retraitée
L'enquête mettra en exergue que Simone Gendreau, vivant dans une maison de maître, possédait un patrimoine évalué à 1,5 million d'euros. René-Pierre Palous, son cousin, est à son chevet depuis plusieurs mois mais mi-janvier "les relations se détériorent entre la victime et l'accusé" pointera le président Guillaume Roussel. La faute à 17 chèques arrachés du carnet de la retraitée et encaissés par Palous, sur son compte personnel ou celui de sa société. Plus de 40 000 euros. Simone fait part de ses soupçons à son entourage et n'aurait plus souhaité voir l'encombrant cousin. Elle entend le priver d'héritage alors qu'il est depuis 2018 son légataire universel. "Elle s'est sentie trahie et avait peur. Elle a expliqué à des proches avoir été très malade à cause d'un thé servi par l'accusé et l'a également retrouvé penché au-dessus d'elle une nuit" expliquera le directeur d'enquête de la Section de recherches de Toulouse en charge des investigations, Me Nicolas Raynaud De Lage l'avocat de la défense contestera "l'interprétation" du gendarme "elle n’avait pris encore aucune disposition pour l'empêcher de venir la visiter".
Il reconnait l'avoir tué mais nie l'intention homicide
René-Pierre Palous reconnaît être responsable du décès de Simone, mais "je ne voulais pas la tuer" explique celui qui connaissait des problèmes financiers. "L'argent n'est pas son mobile, car pour profiter des largesses de Simone Gendreau il fallait qu'elle vive. Tant qu'elle vivait le patrimoine de mon client prospérait" corrige Me Nicolas Raynaud De Lage. De sa voix fluette, Palous reconnaitra avoir secouer la vieille dame pendant cinq minutes durant une dispute, avant de la déshabiller et la coucher pour faire croire à une mort naturelle. Mais pourquoi les trois bombes de gaz lacrymogène achetées dans une armurerie de Toulouse ? Pour se débarrasser des rats dans la bâtisse, par étourdissement, maintiendra-t-il durant l'instruction. Détenu depuis 3 février 2019, René-Pierre Palous "est propulsé dans la 4e dimension, c'est un homme pétri de religion et d'éducation, solitaire, qui n'a pas la malice que peut avoir quelqu'un de rompu sur le plan pénal" et "Simone Gendreau était une femme à fort caractère, il y avait parfois entre eux des relations épidermiques" insiste l'avocat de la défense qui plaide "l'absence d'intention homicide". Le conseiller juridique risque néanmoins la réclusion criminelle perpétuité. Verdict attendu vendredi.
Photo : Me Nicolas Raynaud De Lage assisté de Me Marine Saurat.