Prison avec sursis requise contre le sénateur
Robert Navarro, ancien président de la Fédération PS du département, comparaissait hier.
8 juin 2016 à 8h15
Trois mois de prison avec sursis, 20.000 euros d'amende et trois ans d'interdiction de droits civiques ont été requis mardi contre le sénateur DVG de l'Hérault Robert Navarro, 64 ans, patron de la puissante fédération socialiste départementale pendant 20 ans. La même peine a été requise contre son épouse Dominique, âgée de 60 ans, qui était "chargée de mission" à la fédération socialiste héraultaise et assistante parlementaire de son mari, qui était également député européen. Le jugement a été mis en délibéré au 6 juillet. Les époux Navarro étaient jugés mardi pour abus de confiance au préjudice de la fédération socialiste départementale. L'affaire porte sur des billets d'avion pour un montant total de plus de 85.700 euros, payés entre 2004 et 2010 par la fédération PS de l'Héraut, dont M. Navarro était premier secrétaire. "Voilà un dossier qui fait mal à la démocratie", a lancé au cours de son réquisitoire le procureur Yves Micolet, dénonçant une "dérive du couple Navarro", qui avait fini selon lui par considérer la fédération PS comme sa "petite entreprise". "On a triché pour s'enrichir", a-t-il assuré, ajoutant que "la mauvaise foi de M. Navarro" était "entière". Auparavant, Robert et Dominique Navarro, côte à côte à la barre, avaient fortement agacé la cour, présidée par Paul Baudoin, par leurs dénégations maladroites et leurs réponses vagues. "Après 20 ans de bons et loyaux services, le PS m'a viré sans même m'interroger", a déclaré M. Navarro, qui a toujours dénoncé un "flingage politique". Le couple a peiné à expliquer la rémunération et les frais de quatre attachés parlementaires, dont Mme Navarro, affectés parfois au budget européen, parfois à celui de la fédération ou parfois même aux deux. Idem pour des voyages en famille payés par la fédération à Prague, Ljubljana, Budapest, Marrakech. M. Navarro a dit avoir espéré que ces questions de "reliquat" dus à la fédération pour des voyages privés seraient "discutées en conseil de famille" au sein du PS. "Jamais de ma vie je ne me suis servi de la fédération pour détourner le moindre euro", a assuré le sénateur. Au nom de la fédération socialiste, Luc Abratkiewicz a demandé "réparation du préjudice financier et moral". Il a vu dans ce procès "l'épilogue d'un système montpelliérain dans lequel on faisait ce qu'on voulait et on était réélu", du temps de Georges Frêche. L'avocat des époux Navarro, Patrick Maisonneuve a pour sa part requis la relaxe, assurant que le couple n'était pas "les Ténardier de la politique".
L'affaire avait éclaté en avril 2011 dans un contexte politique marqué par de fortes turbulences: en 2010, Robert Navarro, ancien employé de la SNCF, figurait sur la liste alors dissidente du défunt Georges Frêche aux élections régionales. Le PS, alors dirigé par Martine Aubry, soutenait la liste menée par Hélène Mandroux, maire de Montpellier. Georges Frêche et Robert Navarro avaient été exclus du PS et la fédération PS héraultaise avait été placée sous tutelle fin 2010 avec à la clef un audit. Le 15 mars 2012, le Sénat avait levé l'immunité parlementaire de Robert Navarro, qui avait été mis en examen en décembre de la même année pour abus de confiance. L'ancien vice-président du Conseil régional du Languedoc-Roussillon a été réélu sénateur en 2014. Le procès s'est déroulé en présence de son successeur à la tête de la fédération Hussein Bourgi.
(Source AFP)