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Perpignan : un hôtel aurait servi de lieu de rendez-vous pour un réseau international de prostitution

5 mars 2021 à 13h17 par John Bourgeois

Trois personnes ont été interpellés cette semaine à Perpignan.

 

Trois personnes ont été interpellés cette semaine à Perpignan, dans le cadre du démantèlement d’un vaste réseau de prostitution par les polices espagnoles et françaises. Des perquisitions ont eu lieu dans plusieurs villes. L’enquête a été menée dans 4 pays différents.  


Il s’agit, selon des sources proches de l'enquête, de l’aboutissement d’une enquête qui a démarré en juin dernier. Il y a plus de 8 mois, deux femmes de nationalité colombienne se sont présentées au commissariat de Montpellier en déclarant avoir fui un appartement où elles avaient été séquestrées pendant plusieurs semaines, étant contraintes de se prostituer. Cela va alors conduire la police judiciaire de Montpellier à l’interpellation d’un homme, très vite désigné comme l’un des logisticiens principaux d'une organisation transnationale dédiée à la traite des êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle. 


Deux réseaux organisaient des rendez-vous depuis un call center, et sur internet

 

Les différentes enquêtes ont permis de localiser davantage de victimes potentielles, toutes d'origine sud-américaine, ainsi que l'existence en Espagne d'un centre d'appel dans la commune de l’Hospitalet de Llobregat, près de Barcelone. C’est ici qu’un premier réseau hispano-colombien a été identifié et dans lequel a eu lieu une perquisition de la police espagnole cette semaine. C’est à partir de ce « call center » que les prises de rendez-vous avec les clients français étaient gérées. Des photos accompagnées de numéros étaient postées sur des annonces internet.  Le client n’avait ensuite qu’à demander l'adresse via le centre d’appel pour avoir des relations sexuelles avec les victimes.  


Un deuxième réseau roumain lui a été identifié par la police française au cours des investigations. Il fonctionnait plus simplement, sans centre d’appel. Il s’opérait via le même type d’annonces, où des photos de prostituées étaient mises en ligne sur plusieurs sites internet. Elles concernaient notamment de nombreuses villes en France. Les proxénètes à la tête du réseau n’avaient plus qu’à sous louer des appartements ou même des hôtels et envoyer « leurs filles ».  C’est d’ailleurs ce qui a amené les enquêteurs à un hôtel de Perpignan, mais aussi à plusieurs appartements à Nîmes, Sète, Avignon, Agen, Bordeaux ou encore Poitiers.  


13 personnes interpellées en France, en Espagne, en Italie et en Roumanie 

 

L’objectif est alors pour les enquêteurs de déterminer le jour d’intervention de l’ensemble des appartements dans lesquels se trouvaient les prostituées à l’instant T, puisqu’elles changeaient de ville régulièrement.  Une fois les preuves nécessaires réunies, une opération de police a été menée simultanément dans quatre pays européens, conduisant à l'arrestation de 13 personnes impliquées (8 en Espagne, 3 en France, 1 en Italie et 1 en Roumanie). 20 perquisitions ont également été opérées, dont 18 rien qu’en France.  


C’est ainsi que trois personnes ont alors été interpelées ce mardi 2 mars dans un hôtel à Perpignan. Parmi les suspects, l’hôtelier en question, puis un homme et une femme d’origine roumaine. Le perpignanais aurait mis à disposition les chambres de son hôtel pour les clients du réseau de prostitution roumain. Il a été placé en garde à vue. Mais dans quelle mesure était-il impliqué ? Pour l’heure, impossible de le dire pour les enquêteurs.  
En Espagne les perquisitions ont eu lieu en Catalogne à Roses et l'Hospitalet de Llobregat (lieu du centre d’appel). Plus de 18 000 euros, plus de 30 téléphones portables, un pistolet électrique, et de nombreuses preuves relatives à l’enquête y ont été saisis.  


Une quarantaine de prostituées victimes de ces réseaux 

L'organisation a recruté les victimes dans leur pays d'origine au moyen de fausses promesses de travail par l'intermédiaire de contacts familiaux ou d'amis. Le réseau leur faisait franchir les frontières de manière clandestine. Un "passeur" lui était chargé d'accompagner la victime depuis sa ville d'origine jusqu'à sa destination finale, la France, où elle était obligée de se prostituer. 


Elles sont une quarantaine de victimes à avoir été identifiées. 33 ont été entendues par les enquêteurs. Ces dernières ont subi des préjudices morales et physiques importants. Elles qui étaient séquestrées par le réseau, n’avaient pas la possibilité de s'échapper sans risquer de lourdes conséquences. Après conclusion de l’enquête, toutes ces femmes sont désormais accompagnées par des associations d’aides aux victimes.