Nouveaux postes de police à Perpignan : le bras de fer entre la mairie et le département pour l'ancien hôtel La Cigale
Publié : 24 septembre 2020 à 11h46 par John Bourgeois
C'est un conflit déjà établi avec l'ancienne municipalité. Il resurgit après que Louis Aliot ait annoncé sa ferme intention de créer un poste de police quartier Saint-Jacques.
C'est un jour de conseil municipal ce jeudi à Perpignan. Parmi les 40 points qui doivent être abordés, les mesures sécuritaires, déjà dégainées par Louis Aliot la semaine dernière. C'est l'un des enjeux majeur pour le maire du Rassemblement National, qui a d’ailleurs présenté ce mercredi le nouveau poste de police installé au cœur du centre-ville, au Palmarium du quai Vauban (ouvert du lundi au samedi de 9h à 22h). Mais ce ne sera pas le seul. D'autres devraient voir le jour prochainement, notamment au Moulin-à-Vent, au Vernet, mais aussi au quartier Saint-Jacques. Dans ce secteur, Louis Aliot ne souhaite pas réaménager l'ancien poste de police de Bétriu, mais plutôt utiliser l’hôtel de La Cigale, aujourd'hui délaissé. Et c'est au sujet de ce batiment que se joue déjà depuis de long mois un bras de fer entre mairie et département, encore loin d'être terminé.
Un conflit déjà établi avec l'ancienne mairie
Tout démarre avec l’ancienne municipalité conduite par Jean-Marc Pujol, qui avait fait valoir son droit de préemption pour pouvoir transformer l’hôtel de la cigale en poste de police. Mais le conseil départemental, qui a légalement les clés du batiment, préférait y voir un centre d’accueil pour jeunes migrants. Le département avait alors saisi le tribunal administratif pour s’opposer à l'action de la mairie et garder le pouvoir sur l'avenir de l'établissement. Ce dernier lui avait donné raison et Jean-Marc Pujol avait alors fait appel de cette décision. Aujourd'hui, il n'y a toujours pas eu de procès.
Louis Aliot passe le batiment dans le domaine public
Dans ses engagements de maillage du territoire perpignanais, Louis Aliot tient à la création de ce poste de police à La Cigale, et a annoncé sa mise en place pour la mi-octobre. Il a donc décidé de rester dans la ligne de conduite de son prédécesseur et dit avoir fait passer l'ancien hôtel en domanialité publique, ce qui lui permet d'installer coûte que coûte ce nouveau poste de police. Louis Aliot va-t-il à l'encontre d'une décision judiciaire ? Non, pour le maire RN. "Non parce qu'au tribunal admnistratif, il y a toujours des appels. On a consulté un cabinet d'avocat et on a fait travailler nos services juridiques. Si cela n'avait pas été possible, on ne l'aurait pas fait. Donc on est quand même dans le cadre de la décision qui a été prise. Et on ira défendre nos droits en appel et on fera valoir notre position" affirme l'élu qui ajoute ne pas s'opposer à des discussions avec le conseil départemental. "Si demain on trouve un accord avec le département et une solution pour cet accueil de migrants, tant mieux, je serai le premier à le demander."
Le département réagit
Le Conseil départemental des Pyrénées Orientales a tout de suite réagit face aux déclarations de Louis Aliot hier. "En annonçant aujourd’hui l’installation d’un poste de police municipale dans les locaux de La Cigale, le nouveau maire de Perpignan bafoue les décisions de justice", répond le Département via communiqué ce mercredi, et précise qu'il "saisira la justice contre toute délibération manifestement illégale et il en appelle à l’État pour que les décisions de droit soient exécutées. S’agissant de la question de l’installation d’un poste de police dans le quartier Saint-Jacques, le Département demande que la solution préconisée par les forces de l’ordre dans les locaux de l’ancien commissariat Bétriu, place Cassanyes, soit examinée." Autant dire que ce dossier est loin d'être bouclé...
Le communiqué du Conseil départemental :
"La loi confie aux Départements l’aide sociale à l’enfance et, à ce titre, la prise en charge des mineurs non accompagnés. Soucieux de remplir cette mission de protection en proposant les meilleures conditions d’accueil et d’accompagnement, le Département des PyrénéesOrientales, avec son établissement l’IDEA, mobilise plusieurs types d’hébergements pour répondre à des situations de plus en plus nombreuses, urgentes et complexes. Dans ce cadre, le Département a identifié en 2019 la vente de l’hôtel « La Cigale » à Perpignan et la Majorité départementale a fait le choix d’acquérir ce site offrant la possibilité de combiner des fonctions d’hébergement, d’encadrement et d’insertion. La Ville a indûment procédé à la préemption du bâtiment pour empêcher le projet du Département. Celui-ci a contesté cette décision devant le tribunal administratif qui lui a donné raison à deux reprises en annulant la préemption. En annonçant aujourd’hui l’installation d’un poste de police municipale dans les locaux de « La Cigale », le nouveau maire de Perpignan bafoue les décisions de justice. Le Département saisira la justice contre toute délibération manifestement illégale et il en appelle à l’État pour que les décisions de droit soient exécutées. S’agissant de la question de l’installation d’un poste de police dans le quartier Saint-Jacques, le Département demande que la solution préconisée par les forces de l’ordre dans les locaux de l’ancien commissariat Bétriu, place Cassanyes, soit examinée."