ActualitésHaute-Garonne

Nouveaux collèges de banlieue à Toulouse : "les établissements ghetto, ici c’est fini" annonce le département

5 nouveaux collèges ouvrent près de Toulouse à la rentrée. Pour deux d’entre eux le conseil départemental mise sur la mixité sociale. Explication.  

30 août 2022 à 15h42 par Brice Vidal

 

A Toulouse, la violence endémique aux deux anciens collèges du Mirail - Badiou et Bellefontaine - était devenue ingérable. Alors le politique a décidé d'agir. Depuis 4 ans, les élèves du Mirail entrant en 6ème étaient scolarisés dans 6 collèges de l’agglomération toulousaine. Ils bénéficiaient de mesures d’accompagnement dont des navettes dédiées pour le transport chaque jour. Les établissements ghetto avaient été progressivement vidés.

« La promesse a été tenue : on a reconstruit l’ancien collège Badiou » a lancé le président du Conseil départemental, Georges Méric, ce mardi en inaugurant le collège Saint-Simon. Plusieurs établissements ouvrent leurs portes cette année ; à Beauzelle, Seysses, Cintegabelle ; et surtout pour Toulouse Saint-Simon et Guilhermy. S’agissant des deux derniers « le challenge de la mixité sociale est réussi » souligne le département compétent sur le bâti des collèges. Car Saint-Simon et Guilhermy vont accueillir à la rentrée des élèves du Grand Mirail mais aussi des jeunes issus de secteurs plus favorisés : Cugnaux, Saint-Simon, Tournefeuille. Avec 600 places chacun, ils ouvrent jeudi les classes de 6e , 5e et 4e. La construction de ces établissements s’inscrit dans le programme d’investissement mené par le Conseil départemental pour améliorer les conditions d’apprentissage des 67 600 collégiens de Haute-Garonne, qui s’élève à 350 M€ d’ici 2027.


"Tous les ponts possibles de part et d’autre du Boulevard Eisenhower"

La première phase « transporter pendant 4 ans des élèves des quartiers ghettoïsés vers des établissements favorisés a été une réussite » car « ils ont eu d’excellents résultats » affirme Georges Méric. Deuxième phase : « ces deux nouveaux collèges modernes et écologiques construits » avec « une carte scolaire adaptée ». « L’objectif est d’avoir un équilibre social » expliquait Vincent Gibert en charge des collèges au CD 31 « c’est une rupture avec ce qu’il se faisait avant, c’est une nouvelle chance, les collèges ghetto c’est fini ici ». Le département veut faire de son projet « unique en France » une arme pour en finir avec la ségrégation urbaine, la violence des quartiers défavorisés et le communautarisme.

Sept collèges favorisés de Toulouse continueront d’accueillir 700 élèves issus des quartiers du Mirail « si nous ne voulions pas connaître dans les deux établissements fermés les mêmes problèmes, nous étions obligés de continuer ainsi ». Et preuve que l’expérimentation fonctionne, Vincent Gibert constate une attractivité des nouveaux établissements « on observe un retour des élèves du privé vers les établissements publics » et « c’est une bonne nouvelle de les voir revenir vers l’enseignement public, qui est l’enseignement de toutes celles et ceux qui vivent ensemble dans cette République… »

Pour Benoist Couliou, principal du collège Saint-Simon, « le vivre ensemble devient une réalité grâce à la sectorisation » dans « ce collège des Arts Vivants » qui a « au cœur du projet d’établissement cette volonté de construire tous les ponts possibles de part et d’autre du Boulevard Eisenhower. » Tous les nouveaux établissements sont conçus pour répondre à de multiples enjeux : ce sont des collèges performants énergétiquement, à taille humaine, aménagés de manière à favoriser un climat scolaire serein et apaisé.