"Nous sommes en deuil" : les habitants rendent hommage aux victimes du drame de Saint-Laurent-de-la-Salanque
Près de 2000 personnes se sont rassemblées pour une marche blanche ce dimanche dans les rues de la commune.
20 février 2022 à 13h10 par John Bourgeois
Laurentins, élus, simples habitants du département et d'ailleurs, ils étaient nombreux ce dimanche 20 février à être venus rendre hommage aux 8 victimes de l'explosion meurtrière de Saint-Laurent-de-la-Salanque. À presque une semaine du drame, près de 2000 personnes se sont réunies sur l'esplanade de la mairie, avant de parcourir la commune en cortège. Une marche blanche avec à sa tête, les proches des victimes, le visage dévasté, présentant quelques photos de ceux qui sont partis trop vite.
"Merci à tous ces gens qui nous soutiennent"
Khiara, Kévin, Hassan, Ynaïa, Rachid, de la même famille, mais aussi Charles, Camilla, et Annie, font partie des 8 victimes de cet explosion et cet incendie qui ont dévasté trois immeuble de la rue Arago, au coeur du village, dans la nuit de dimanche à lundi dernier. "C'est quelque chose de sans nom. Là, on ne peut pas trop comprendre ce qu'il s'est passé. Maintenant, on attend des réponses. Mais merci à tous ces gens, qui ont été là pour nous, qui nous soutiennent", nous répond Mohamed, le frère de l'une des victimes, Rachid, le père de famille parti avec sa fille, son compagnon, et leurs deux enfants en bas âge.
Après avoir essuyé une semaine plus que difficile, Mohamed pense encore au jour du drame, jour où il devait se rendre à Saint-Laurent-de-la-Salanque. "Je devais être là-bas lundi. J'avais mon billet de train qui était à 6h du matin et je devais rejoindre mon frère et ma nièce Khiara pour emmener mon petit bébé à la rencontre, avec mes deux jumelles, et passer les vacances avec mon frère", nous explique-t-il. "Comme quoi, des fois, on prévoit des choses dans la vie, et cela ne se passe pas toujours comme on veut."
"On n'est pas de la famille, mais c'est presque tout comme"
Parmi les personnes rassemblées ce dimanche, de très nombreux Laurentins, comme Laeticia, venue "soutenir les familles" avec ses enfants. "C'est un drame pour la commune, une catastrophe", nous dit cette habitante, qui trouvait "normal de se trouver là aujourd'hui". "Un jour important", ajoute de son côté Damien. Pour le jeune Laurentin "touché parce qu'il s'est passé", "c'est un moment où il faut se recueillir".
Selon Betty, il était nécessaire de se montrer "solidaire". "On n'est pas de la famille, mais c'est presque tout comme. C'est comme si nous étions en deuil. Nous sommes en deuil", assure-t-elle. "Le deuil, on l'a tous les jours", s'émeut Alain Got, le maire de Saint-Laurent. "C'est vrai que c'est une journée de deuil parce qu'il y a les Laurentins qui sont venus. Les Laurentins qui ont besoin de dire leur peine, et d'accompagner ces familles qui sont dans la détresse complète."
De nombreux questionnements dans la commune
"On ne réalise pas encore ce qu'il s'est passé dans notre commune" confie ce dimanche le maire Alain Got. Selon lui, le drame survenu en début de semaine "interroge" encore dans tout le village. C'est également ce que nous rapporte plusieurs habitants, comme Damien. "On se dit que c'est peut-être quelqu'un qui a commis un crime, de mal intentionné, qui a osé s'en prendre à des personnes innocentes. On craint le pire."
Des craintes partagées par Marc et sa compagne. "Surtout dans ce commerce, moi j'y passe tous les jours quand je vais chercher le pain, et c'est vrai, pourquoi ?", se questionne-t-il. "Comme je le dis, dans tous les villages malheureusement, il y a des jeunes qui sont là. Ils ne pensent pas qu'il y avait quand même des personnes dans les appartements au-dessus ? Si c'est accidentel, bon, mais si c'est autre chose, c'est triste", conclut le Laurentin.
Pour rappel, une enquête pour "incendie volontaire ayant entraîné la mort" est en cours. Si la piste criminelle est envisagée, rien ne confirme que l'accident soit impossible. Les enquêteurs sur place devraient avoir de premières conclusions dans les jours qui viennent. Ils doivent.croiser leur analyses scientifiques avec les témoignages et les images de vidéo-surveillance.