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Municipales à Toulouse : J-L. Moudenc cherche mesures barrière face à l’union "ArchiPellefigue"

Publié : 24 mai 2020 à 9h29 par Brice Vidal

Jean-Luc Moudenc revisite son projet à l'aune de la crise. A gauche, l'union tarde à venir...

 

Retour aux urnes le 28 juin prochain. A Toulouse, les états-majors étaient sur le pied de guerre dès vendredi et l’annonce du premier ministre relative au second tour des municipales. Pour rappel, Jean-Luc Moudenc (LR, LREM, UDI…) est arrivé en tête avec 36% des voix, devant Antoine Maurice d’Archipel Citoyen 27,5 % des suffrages. Et les tractations vont bon train à gauche, alors que le total de ses voix était majoritaire au soir du 15 mars (Nadia Pellefigue à 18,5% et Pierre Cohen à 5,6%) marqué par une forte abstention. 

 

Le maire sortant dans le costume du sauveur

A chaque camp ses soucis dans la Ville rose, Jean-Luc Moudenc dans sa posture de maire protecteur va vouloir à tout prix surfer sur la surexposition médiatique que lui a offert la crise sanitaire. Il a notamment initié la distribution de masques dans les boites aux lettres des administrés, et a communiqué sans relâche, notamment sur les réseaux sociaux.

Face à lui, Antoine Maurice – discret pendant un mois et demi – remonte sur scène et essaie de ringardiser le sortant, raillant ses solutions du « vieux monde ». Mais la non moins vieille tambouille pour savoir s’il faut ou non offrir la Métropole à Nadia Pellefigue, et bénéficier de ses voix, pourrait faire effet boomerang. 

 

A droite : une inflexion du programme 

Chez les proches de Jean-Luc Moudenc, des groupes de travail refaçonnent, réusinent et promettent un nouveau projet tout début juin. Car le Covid a rebattu les cartes, « il faut répondre à la situation » entend-on au Capitole. Faut-il attendre un coup de barre à gauche ? Possible… D’abord parce que le PS et Archipel doivent se rapprocher pour gagner Toulouse. Chez LR, on lance déjà l’anathème « ce serait un pacte avec le diable ». Tentés malgré tout, les caciques du parti socialiste conceptualisent déjà une forme de « radicalité tranquille » pour jouer la carte de l’alliance avec Archipel Citoyen et ses Insoumis.

Inflexion à gauche aussi parce que les sujets de crise vont automatiquement s’inviter dans le débat : sanitaire, social, environnement, relocalisation. L’exécutif national a déjà montré la voie… Quid ensuite de la reconversion économique d’une cité en mode avion depuis 40 ans, alors que le choc va faire des dégâts terribles dans l’eldorado airbusien. L’aéro-dépendance : un thème cher à Archipel depuis plusieurs mois. Visionnaire la " pastèque* " ? Non, « hostile à l’entreprenariat privé » rétorque-t-on à droite. 

 

L’union fera-t-elle la force à gauche ?

Alors, cette tectonique des plaques profitera-t-elle à la liste menée par Antoine Maurice ? Peut-être, s’il accepte la main tendue de Nadia Pellefigue qui, forte de son expérience à la Région, peut lui apporter une forme de crédibilité économique. En admettant que rompre cette distanciation (socialiste) ne s’apparente pas au baiser de la mort d’une Nadia Pellefigue plus charismatique et « mieux » entourée. D’autant qu’Antoine Maurice serait "habillé léger" s’il perdait LFI. Mais après tout, « c’est le costume qui fait l’homme » rassure un apparatchik du PS 31 qui croit en l’union. Le risque pour la tête de liste écolo s’il laisse la Métropole à la candidate UNE : fâcher les Insoumis. Le danger pour elle : se couper de sa frange modérée.

Le parti socialiste lui, tout en synthèse, caresse d’un côté les Verts dans le sens du poil, alors que les élections départementales approchent. Et d’un autre, se pince le nez à la perspective d’une alliance avec le canal « insurrectionnel » d’Archipel : Odile Maurin ou François Piquemal en tête. Une division qui fait gloser dans le camp Moudenc « c’est la preuve qu'Antoine Maurice n’est pas qu’un Vert, il est entouré de gens dangereux » s’alarme un proche du maire sortant.

Et que fera Carole Delga dans tout ça ? Pro LGV (contrairement à Archipel) et libéral-compatible au plan économique : elle dégaine depuis deux mois les amortisseurs sociaux et fiscaux, de concert avec les chambres consulaires et les collectivités. Jean-Luc Moudenc chantant même ses louanges depuis qu’elle vole au secours de la filière aéro. Mais politiquement, elle peut difficilement prendre le risque de lâcher sa vice-présidente-candidate, alors que LREM lui promet mille maux lors des prochaines élections régionales. Une certitude, les choses vont s’accélérer cette semaine.      

 

 

*Jean-Luc Moudenc durant la campagne électorale aimait à qualifier Archipel Citoyen de mouvement « pastèque » : vert à l’extérieur, rouge à l’intérieur.