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Mort du gendarme Rusig en Ariège : un acte délibéré

Il a été percuté volontairement lors d'une course-poursuite samedi soir.  

28 novembre 2016 à 8h33 par Brice Vidal

Un gendarme expérimenté est mort dimanche à Toulouse, après avoir été "violemment et délibérément" percuté samedi soir, lors d'une course-poursuite en Ariège, par un jeune automobiliste connu de la justice, qui a été placé en garde à vue pour "homicide volontaire sur militaire de la gendarmerie nationale". C'est le huitième décès d'un gendarme dans l'exercice de ses fonctions en 2016. Les faits se sont produits après 23H00 quand une patrouille de deux gendarmes rentrait d'intervention entre les communes d'Ussat et de Tarascon-sur-Ariège. À bord de leur voiture, le major Christian Rusig, commandant de la brigade de Tarascon-sur-Ariège, et un gendarme de 48 ans ont constaté le comportement suspect d'un véhicule faisant demi-tour et l'ont pris en chasse.  Immédiatement, les deux militaires ont demandé des renforts et ont poursuivi le suspect, qui s'est engagé sur un chemin de terre et de gravier, d'où il a été "contraint de faire demi-tour", se retrouvant face au véhicule des gendarmes, a expliqué dimanche la procureure de la République à Foix, Karline Bouisset. La voiture de gendarmerie s'est placée en travers "afin de contraindre le véhicule à s'arrêter", a ajouté la magistrate, lors d'un point de presse au tribunal. Le major, passager, vêtu de son uniforme "avec bandes réfléchissantes", est sorti de l'habitacle et la voiture du mis en cause l'a "violemment percuté pour tenter de s'enfuir". Le "véhicule a délibérément foncé sur les gendarmes, percutant violemment le major qui est tombé à terre", a déclaré le général Bernard Clouzot, commandant de la région de gendarmerie. Le major Rusig a été héliporté à l'hôpital Purpan à Toulouse, où il est décédé à 05H00 dimanche. Il était à quelques mois de la retraite. Karline Bouisset au micro de Jacques Déjean. 

Le chauffard a été immédiatement interpellé "grâce au sang-froid exceptionnel" du coéquipier de la victime, qui se trouvait seul avant "l'arrivée rapide de renforts" et qui "l'a mis en joue avec son arme de service", a indiqué Mme Bouisset. Âgé de 31 ans, le suspect était interdit de séjour depuis plusieurs mois en Ariège, en raison de son histoire familiale et de précédentes condamnations pour cambriolages, violences ou encore agression sexuelle sur mineur.  Cet Ariégeois, qui a déjà effectué plusieurs séjours en prison, a été placé en garde à vue pour "homicide volontaire sur militaire de la gendarmerie nationale", ce qui lui fait encourir la réclusion criminelle à perpétuité s'il est mis en examen et reconnu coupable, a précisé la magistrate. Il se trouvait dimanche à la brigade de Pamiers, où il était entendu avec sa compagne, passagère du véhicule. Mais il devait être transféré à Toulouse, où la section de recherches de la gendarmerie est chargée de l'enquête. Mme Bouisset a indiqué qu'elle se dessaisirait du dossier au profit du parquet de Toulouse. 

François Hollande a dénoncé "un acte inqualifiable". "Ce drame confirme les risques que prennent chaque jour les gendarmes et les policiers pour protéger les Français", a ajouté le président. Demandant à la justice de répondre "avec toute la fermeté nécessaire", le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a fait part "de sa très vive émotion et de sa très grande tristesse", après "cet acte odieux". Le général Richard Lizurey, directeur général de la gendarmerie nationale, devait se rendre dimanche à Toulouse pour se recueillir devant la dépouille du défunt, puis à Tarascon-sur-Ariège en fin d'après-midi pour rencontrer la famille de la victime et la brigade, où une cellule psychologique a été mise en place. Sur les huit gendarmes décédés en 2016 dans l'exercice de leurs fonctions, cinq sont morts en Occitanie, région qui paie "un lourd tribut", a souligné le général Clouzot. Le major Rusig est le second gendarme à être victime d'un acte délibéré cette année. 

Sources : JD, AFP.