Mixité au collège : "Gaëtan et Elodie, ce sont des prénoms français?"
Des élèves de la Reynerie et de Bellefontaine vont dans des collèges plus favorisés à l'initiative du Conseil départemental. Explications.
Publié : 9 mai 2019 à 11h05 par
Alors que les enseignants et la fonction publique sont en grève ce jeudi 9 mai, 100% se penche sur la mixité sociale en Haute-Garonne.
Le Conseil départemental veut en effet éviter "les ghettos", comme le dit le président Georges Méric, dans les zones d'éducation prioritaires (REP +).
Une nouvelle sectorisation pour "éviter les ghettos"
En janvier dernier, les élus départementaux ont voté la nouvelle sectorisation des collèges haut-garonnais, après une concertation citoyenne menée entre le printemps 2018 et début 2019.
Ainsi, les collèges toulousains Badiou et Bellefontaine ferment progressivement et deux collèges seront construits à St Simon et Guilhermy d'ici 3 ans (en 2021 et 2022). A Raymond Badiou (Reynerie), les collégiens de 6e sont partis l'an dernier, les 5e cette année, les 4e l'an prochain.
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Les élèves sont dispatchés dans différents collèges de l'agglomération toulousaine. Direction Pierre de Fermat, les Chalets, Bellevue, à Toulouse, Rostand à Balma ou encore Léonard de Vinci à Tournefeuille.
La nouvelle sectorisation va également conduire 180 élèves des écoles Victor Hugo, Georges Bastide, Paul Dottin et Tibaous à entrer en 6eme dans six collèges de l'agglo toulousaine (Emile Zola, Michelet, JP Vernant, P.Labitrie, à Toulouse, J.Verne à Plaisance et Montesquieu à Cugnaux).
Cette sectorisation doit aussi répondre à la saturation de certains établissements dans le secteur nord de l’agglomération toulousaine (collèges Les Violettes à Aucamville et Jacques Mauré à Castelginest) ainsi que dans le sud ouest de l’agglomération (collèges Pablo Picasso à Frouzins, Jacqueline Auriol à Villeneuve-Tolosane, Pierre Labitrie et Léonard de Vinci à Tournefeuille). Mais aussi de délester, au centre-ville de Toulouse le collège des Ponts-Jumeaux et d’adapter les capacités d’accueil des collèges Michelet, Emile Zola et Jean-Pierre Vernant.
Des craintes infondées?
Le Conseil départemental entend ainsi "lutter contre les déterminismes sociaux", et a tenté de prendre en compte des critères socio-économiques, le nombre de places disponibles et veut éviter des temps de transports scolaires supérieurs à 30 minutes par trajet.
Mais certains parents et le syndicat Sud notamment, s'étaient opposés au projet.
"Certains souhaitaient que leurs enfants sortent du quartier, mais d'autres ont eu peur", s'agace Malika Baadoud, direction de l'association des parents d'élèves de Bellefontaine "L'école et nous". "On leur a dit qu'ils allaient être stigmatisés, on leur a fait croire des choses hallucinantes".
"Gaëtan et Elodie, ce sont des prénoms?"
Car pour Malika Baadoud, pas de doute : ça se passe bien, ça fonctionne et c'est essentiel que les enfants se mélangent.
Elles se souvient ainsi d'une anecdote: "Un élève est parti sur un secteur plus favorisé. Je le revois et lui demande 'Alors comment ça se passe?' Il me dit 'Ah l'école est super! Mais c'est étrange, ils ont des prénoms bizarres, comme Gaëtan, Elodie. Ce sont des prénoms ça'?!". Et Malika Baadoud ajoute: "C'est quand même terrible de se dire qu'un petit français se demande si Gaëtan ou Elodie sont des prénoms français."
Pour l'instant, avec cette sectorisation, 87% des élèves concernés sont allés dans leurs établissements d'affectation et 13% sont partis dans le privé selon nos informations.
Des CM2 préparés
Par ailleurs, de nombreuses réunions d'informations dans les écoles sont organisées dans les écoles.
Par exemple, des CPE et l'infirmière du collège J. Verne de Plaisance se rendent à l'école Dottin afin de voir les CM2 (futurs 6eme) et leur présenter leur futur collège.
Les parents vont également pouvoir visiter, en juin, le collège Jules Verne.
(Photo : capture d'écran google map- Collège Badiou)