Meurtre de Cintia à Toulouse : l’affaire Ranucci s’invite dans un procès hors norme
Publié : 9 décembre 2020 à 23h15 par Brice Vidal
Jean-Baptiste Rambla, frère de la fillette tuée en 1974, comparaît pour meurtre en récidive.
Une affaire hors norme sera jugée à partir de lundi prochain devant la Cour d’assises de Haute-Garonne, à Toulouse.
Jean Baptiste Rambla 53 ans comparait pour homicide en récidive : le meurtre d’une jeune femme le 27 juillet 2017. Cintia, 21 ans, avait été découverte, quasiment décapitée, dans son appartement place des Tiercerettes. La jeune femme était retrouvée par les pompiers, face contre terre et gisant dans son sang, dans son studio du quartier Arnaud-Bernard.
Rambla rapidement soupçonné
L’autopsie révèlera que la victime, employée comme agent d’entretien, a été égorgée. Jugulaire et carotide ont été sectionnées au cutter. Elle porte les traces de multiples blessures, notamment une mâchoire fracturée, probablement la conséquence d’un coup de pied une violence inouïe.
Un profil génétique masculin est rapidement découvert : celui d’un individu bien connu de la justice : Jean-Baptiste Rambla. Il a déjà été condamné dans les Bouches-du-Rhônes pour homicide en 2005 et a fait l’objet d’une libération conditionnelle en février 2016.
L’étude de la téléphonie du suspect et de la vidéo-surveillance corroboraient rapidement les soupçons des policiers du SRPJ (service régional de police judiciaire) de Toulouse. Une information judiciaire est ouverte du chef d’homicide volontaire le 4 août 2017. Rambla était interpellé le 9 août et mis en examen. Il niait dans un premier temps, puis avouait avant de se rétracter et enfin de reconnaître à nouveau les faits.
Un dossier à tiroirs
Rambla, qui comparait pendant une semaine à Toulouse, est un personnage central de l’affaire Ranucci, témoin clé de l’une des plus célèbres affaires criminelles françaises. Jean-Baptiste n’est autre que le frère de la victime de 8 ans, enlevée et assassinée en 1974 : Marie Dolorès Rambla. Enlèvement suivi de meurtre qui a conduit Christian Ranucci à la guillotine.
Cette nouvelle affaire Rambla est rapidement baptisée « la malédiction du pull-over rouge », du nom d’un livre controversé sur l’affaire Ranucci. Car les trous de mémoire du jeune Jean-Baptiste serviront de point de départ à l’enquête romancée de Gilles Perrault, transformée en plaidoyer contre la peine capitale. Au point que c’est aujourd’hui la ligne de défense de l’accusé.
L’enfant victime devenu meurtrier
A-t-on affaire à un garçonnet, emporté par la tragédie, et devenu bourreau à deux reprises ? Me Simon Cohen ne veut pas entendre parler de cette thèse : « Ceux qui ont tué, parce qu’on a tué un membre de leur famille, ont tué des êtres proches de l’affaire, on est alors marqué dans le passage de l’adolescence et à l’âge adulte. Or, le premier acte criminel de Rambla c’est en 2004. Marie Dolorès a été exécutée en 1974… »
Pour l’avocat de la famille de la victime l’accusé est d’abord « un pervers » obnubilé par lui-même, « ceux qui souffrent autour de lui : ça lui est égal. Lui veut se venger de celui qui a écrit le livre […] mais les bonnes cibles : ce ne sont pas deux femmes sans défense » assène celui qui voit dans Rambla un tueur organisé « un méticuleux »
Incapable d’expliquer les motifs de son geste, même si « la cocaïne » le faisait se sentir « persécuté », le mis en cause reconnaissait devant le juge d’instruction E. Blans avoir « frappé et asséné des coups de cutter » à la victime. Rambla prenait alors « une douche sur place » pour « se nettoyer du sang dont il était maculé » et vidait plusieurs bouteilles « de nettoyant ménager » pour « effacer ses traces ». Il jetait ou nettoyait ses affaires avant d’avancer son départ dans le Sud-est. A Marseille puis à Six-Fours Les Plages.
Les avocats de la défense – Me Frédéric David et Me Aurélie Joly – devraient tenter d’expliquer à l’audience le geste de l’accusé par un accès de colère dû à son passé : notamment l’hypermédiatisation des faits et l’exploitation par l’auteur du « Pull-over rouge » de l’amnésie du jeune Jean-Baptiste en 1974. Charge à la partie civile et à l’accusation d’éviter que le procès de Rambla ne se mue en procès de la chronique judiciaire.