Ludmila, directrice d'une clinique de Kiev et réfugiée à Toulouse, a tout perdu
Témoignage d’une déplacée de guerre arrivée mercredi à Toulouse.
27 mars 2022 à 22h21 par Brice Vidal
Entre 3 et 4 millions d’Ukrainiens ont fui leur pays pour trouver refuge dans les pays européens. Ils seraient environ 26 000 à être arrivés en France. Y compris à Toulouse.
Ludmila est âgée d’une cinquantaine d’années. Cette dentiste a tout quitté du jour au lendemain. Arrivée mercredi dernier dans la Ville rose car sa fille et son mari y sont installés, ne connaissant pas un mot de français, elle tue le temps en triant les dons à destination de l’Ukraine dans le Hall 9 de l’Ile du Ramier. Un lieu qui centralise désormais les colis à destination de l’Ukraine ou des réfugiés arrivés en France. « Je vais mieux » remercie-t-elle en choisissant méticuleusement le matériel médical à destination de ses compatriotes ; « je me sens enfin en sécurité, même si les larmes me montent encore aux yeux, je suis très inquiète pour mon mari » resté pour se battre à l'ouest du Dniepr. Elle communique régulièrement via Internet avec son époux, « heureusement, il se trouve dans un endroit à peu près tranquille » mais « les sirènes se déclenchent tout le temps, annonçant que les bombes peuvent tomber. »
La quinquagénaire n’a pas vu les cadavres, « j’ai été épargnée » ; « mais j’ai vu les maisons de mes voisins détruites par les bombardements ». Sa fille, francophone avec qui nous avons pu échanger, n’a pas souhaité traduire au micro les propos de sa mère « trop dur, je vais pleurer » s’excuse-t-elle. C’est une des responsables de l’association Ukraine Libre de Toulouse qui officiera. A l’unisson des civils et dirigeants ukrainiens, elle ne décolère pas « j’aime ma terre » ; « on n’a pas besoin qu’un pays voisin vienne nous expliquer comment vivre, c’est notre pays, notre patrie et on va la défendre jusqu’au bout. » A l’en croire, rien ne sera plus comment avant et cette guerre laissera des traces, car raconte-t-elle « je suis née à l'époque de l’Union Soviétique, on nous y apprenait que nous étions tous frères et sœurs. La Russie était un pays ami et aujourd’hui ils nous poignardent dans le dos. Cette plaie va rester... »