Les vignerons catalans s'inquiètent-il du coronavirus ?
5 mars 2020 à 11h09 par John Bourgeois
Avec la propagation de l'épidémie en France et en Europe, des événements majeurs pour le commerce du vin sont annulés. Pour autant, la baisse du nombre de nouveaux cas en Chine rassure les viticulteurs exportateurs du département.
Avec la forte augmentation du nombre de cas déclarés en Europe, c'est toute l'économie mondiale qui est perturbée. La crise actuelle entraîne l'annulation de nombreux événements cruciaux pour le commerce international. Le secteur viticole n'est pas épargné. Des salons majeurs pour le commerce du vin en export viennent d'être reportés à des dates encore inconnues. C’est le cas du salon ProWein à Dusseldorf en Allemagne. 7 000 exposants devaient se réunir du 15 au 17 mars prochain pour rencontrer potentiellement plus de 60 000 visiteurs.
Un coup dur pour Emmanuel Cazes, responsable des exports de la maison Cazes, un domaine viticole des Pyrénées Orientales.
"Des doutes , des inquiétudes... on ne sait absolument pas quelles seront les conséquences de cette absence de rendez-vous annuel aujourd'hui. C'était un moment où on rencontrait l'ensemble de nos clients, on pouvait faire le point sur les nouveaux vins qu'on venait de mettre en bouteille. Donc là, c'est beaucoup de questions. On fait des salons de vente aux particuliers à travers la France, on ne sait absolument pas s'ils vont continuer à avoir lieu. On a un événement majeur qui sont les primeurs à Bordeaux, qui est le rendez-vous autour de ces grands vins, on ne sait pas si ça va avoir lieu."
Les interrogations sont nombreuses pour les viticulteurs des Pyrénées-Orientales, qui cherchent déjà des solutions pour palier à l'annulation de ces rendez-vous importants. "Il faudra augmenter notre présence sur le terrain, c'est-à-dire rencontrer chacun de nos clients", explique Emmanuel Cazes.
Quid des exportations? Le groupement des Vignerons Catalans, qui réunit environ 1000 viticulteurs, est l’un des acteurs incontournables des vins du Roussillon sur les marchés de la France et de l'export, notamment en Chine. Son directeur général Stéphane Zanella confirme l'impact que peut avoir l'annulation des salons du vin. En revanche, on commence à voir la lumière au bout du tunnel du côté du marché chinois.
"Nous sommes paradoxalement plutôt optimistes. Dans le sens où, en ce qui concerne la Chine, je pense que le pire est plutôt derrière nous. Je pense que le rebond va être fort. Il va y avoir un besoin des Chinois de rattraper le temps perdu. Donc la solution c'est plutôt d'être prêt à répondre quand la demande va rebondir. Moi je fais un pari sur le mois de mai ou juin au plus tard", affirme Stéphane Zanella.
Si la situation en Chine rassure, l'attention des vignerons du Roussillon est maintenant portée sur l'Europe. "Ce qu'on peut craindre c'est que cela s'éternise maintenant en Europe. Que cela nuise dans l'autre sens au business avec la Chine, et qu'on ne puisse plus, nous Européens, aller en Chine voir nos clients et participer à des salons qui pourraient être à nouveau reprogrammés. Mais oui, on va avoir des conséquences sur le business européen, plutôt dans nos problématiques de déplacements", ajoute le directeur général des Vignerons Catalans.
Si le coronavirus a bel et bien touché l'économie du vin roussillonais, impossible de chiffrer les pertes constatées. Toujours est-il qu'elles sont "loin d'être catastrophiques" selon les professionnels interrogés.