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Les agriculteurs manifestent à Perpignan contre une décision de justice qui menace l'irrigation de leurs exploitations

Les moteurs des tracteurs vrombissent depuis 10 heures ce mardi dans la cité catalane. Les agriculteurs sont soutenus dans leur mouvement par les chasseurs, une trentaine d'élus, et d'autres acteurs économiques du territoire. 

24 janvier 2023 à 10h36 par John Bourgeois


Une trentaine de tracteurs sont en marche ce mardi 24 janvier à Perpignan. Trois syndicats agricoles des Pyrénées-Orientales ont appelé à la mobilisation massive à 10 heures, au départ du parking du parc des expositions de Perpignan. Accompagnés de chasseurs, d'une trentaine d'élus, et d'acteurs économiques du territoire, ils sont plusieurs centaines à rejoindre la préfecture en centre-ville. Tous espèrent compter sur le soutien du préfet pour faire appel d'une décision de justice qui impacterait prochainement leurs prélèvements d'eau dans le fleuve de la Têt. 

1500 agriculteurs impactés par une décision de justice. 

C'est une récente décision du tribunal administratif qui est dans le viseur des exploitants agricoles. Elle impose à compter d’avril de rehausser le débit minimum à laisser dans la Têt, entre Vinça et Millas. Une décision qui est allée dans le sens de l'association France Nature Environnement et qui entraîne quelques conséquences pour les agriculteurs. Ils auront bientôt l'obligation de maintenir le débit à 1500 litres secondes toute l'année, contre 600 auparavant. 

"On est 1500 producteurs concernés par ce prélèvement. Il est possible que ces gens-là ne puissent plus du tout irriguer leur culture. Ce qui est grave, parce que cela peut entraîner l'arrêt total de la production", s'inquiète Bruno Vila, maraîcher, et président de la FDSEA 66 (Fédération des Exploitations Agricoles des Pyrénées-Orientales). Si l'irrigation de leurs cultures est menacée, cette nouvelle donne pourrait aussi avoir des impacts pour l'alimentation en eau des communes, comme des stations de montagne, qui prélèvent notamment pour la neige de culture. Des conséquences multiples qui ont entrainé cette mobilisation de plus de 500 personnes ce mardi matin à Perpignan. 
 

Bruno Vila, maraîcher, et président de la FDSEA 66
Bruno Vila


Agriculteurs et écologistes face à face

Ce qui est "rageant" pour les agriculteurs, "c'est que la décision est basée sur une étude qui date de plus de 10 ans", selon Bruno Vila.  "On a passé un été particulièrement sec déjà, et on a travaillé avec ces débits modulables tout l'été dernier. Cela a bien fonctionné, y compris pour les poissons et la biodiversité" ajoute-t-il. Le président de la FDSEA 66 s'appuie sur une étude de la chambre d'agriculture (qui n'a pas encore abouti) qui démontre que "la quantité et la diversité de poissons dans la Têt n'avaient pas souffert au cours de l'année dernière."

La préservation de la biodiversité et de la ressource en eau dans la Têt est pourtant l'axe principal de la décision du tribunal administratif et des associations environnementales. Par communiqué ce mardi, les écologistes des Pyrénées-Orientales disent "comprendre l’inquiétude des agriculteurs""Pour autant, ce n’est pas en refusant de limiter les prélèvements que l’on va faire revenir de l’eau dans la rivière", commente David Berrué, porte-parole d'Europe Ecologie Les Verts dans les Pyrénées catalanes. "L’eau manque. Il va bien falloir s’adapter à sa rareté", déclare-t-il. L'opposition est là, les solutions pour convenir à tout le monde, elles, sont moindres. 

Notez que la manifestation de ce mardi entraîne quelques perturbations de circulation dans le département, aux alentours et à l'intérieur de Perpignan.