ActualitésPyrénées-Orientales

Le Professeur Didier Raoult face aux sénateurs

8 mai 2020 à 8h00 par John Bourgeois

Le célèbre chercheur biologiste vient d'être auditionné en visioconférence par un groupe de sénateurs reconnus pour leur expertise dans le domaine de la santé. Parmi eux, le sénateur des Pyrénées-Orientales Jean Sol.

​​

Force est de constater que les travaux du Professeur Didier Raoult sur le traitement contre le Covid-19 à base d'Hydroxychloroquine et d'Azithromycine alimentent depuis plusieurs mois fantasmes et rumeurs et divisent le monde médical comme les experts. Les médecins confrontés de plein fouet à l'épidémie de coronavirus, comme le grand public, attendent avec impatience fin mai ou début juin les résultats des différents essais européens, à commencer par l'essai Discovery, coordonné par l'Inserm, en cours d'évaluation de différentes approches et de cinq bras de traitements dont celui à base d'Hydroxychloroquine, considéré par le chercheur marseillais comme le traitement de référence pour les pneumopathies et les infections du système respiratoire.

Questionné sur la recherche scientifique et médicale

C'est dans ce contexte que plusieurs sénateurs viennent d'auditionner au Sénat en visioconférence le directeur de l'Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection à Marseille. Ces derniers ont pu lui poser diverses questions sur la gestion de la crise sanitaire, les recherches et essais en cours sur les différents traitements et sa vision d'avenir sur l'épidémie. L'objectif du sénateur des Pyrénées-Orientales Jean Sol, ancien directeur des soins du centre hospitalier de Perpignan : obtenir l'avis et les réponses précises du professeur de microbiologie au sujet de la gestion de cette crise sanitaire, et les moyens alloués à la recherche médicale. Jean Sol a notamment interrogé le Pr Raoult sur le modèle scientifique français que l'expert juge obsolète.

"Il a été force de propositions en particulier sur la recherche. On sent bien aujourd'hui qu'il y a des financements qui ne vont pas toujours au bon endroit. Les hôpitaux universitaires ne sont pas toujours aférés à leur juste place dans la recherche. Il regrette aussi qu'il n'y ait pas d'évaluation de la recherche et des résultats, et que bien évidemment, il manque de moyens pour aller plus loin"
 

Jean Sol, sénateur des Pyrénées-Orientales


Toujours au sujet de la recherche, le chercheur a également pointé du doigt le retard français dans ce qu'il a pu appeler "la course aux armements technologiques". "Il a terminé ses réponses en nous disant qu'il faut toujours regarder ce qu'il se passe ailleurs, et notamment en Extrême-Orient. Tout en soulignant un retard très important en matière d'équipements en France, que nous avions moins de scanners que dans tous les pays de l'OCDE", ajoute le sénateur.

Le monde de demain au coeur de son discours

Questionné sur son ressenti après ses échanges avec le chercheur, Jean Sol a notamment relevé la vision d'avenir du Pr Raoult sur un nouveau modèle de société qui s'annonce, et l'urgence d'adopter de nouveaux comportements plus respectueux de l'environnement et de la planète.​

​"Il nous a parlé de ces regroupements de populations, de ces problèmes de densité, qui n'ont pas été étrangers selon lui à la propagation de ce virus"

​​

"Les maladies dépendent de l'écosystème", c'est sur cette dernière idée que la figure emblématique de la lutte contre le Covid-19 a voulu terminer son discours. Cette conclusion souligne la responsabilité importante de l'être humain selon Jean Sol : "je pense que c'est ce qu'il a voulu dire, qu'il fallait changer de comportement vis-à-vis de la nature, vis-à-vis de nos déplacements, en avion, éviter ces rassemblements inutiles. Tout cela participe au développement de ces virus. Et puis, il pense qu'il y en aura d'autres effectivement."

​Bien évidemment, le Pr Raoult est également revenu sur l'espoir d'un vaccin qui n'interviendra pas selon lui avant de longs mois, et sur l'efficacité de son traitement à base d'Hydroxychloroquine qui a pu diminuer la mortalité par deux pour les cas les plus graves.