Le procès du meurtrier présumé de Patricia Bouchon s'ouvre dans un mois
La joggeuse de Bouloc a été tuée il y a 8 ans jour pour jour.
Publié : 14 février 2019 à 11h45 par Brice Vidal
Il s'agit sûrement de l’un des procès les plus attendus de la décennie à Toulouse. Il y a 8 ans jour pour jour, la disparition de Patricia Bouchon à Bouloc le jour de la Saint-Valentin défrayait la chronique. Cette secrétaire part faire son footing vers 4h30 du matin, on ne le reverra pas vivante… Le lendemain : des traces de sang, des cheveux arrachés étaient retrouvés près du 40 route de Fronton à Bouloc. Le 28 février 2011 une information judiciaire était ouverte et un mois plus tard un chasseur retrouvait par hasard le corps de la victime en décomposition avancé, flottant dans un fossé à Villematier. La victime a reçu de violents coups à la tête et un gant de latex incomplet est retrouvé au fond de sa gorge.
Un témoignage décisif
Les gendarmes procédaient à des dizaines d’auditions et celle du 19 février s’avérait décisive : le témoignage d’un automobiliste qui a croisé le matin du drame Patricia Bouchon. Quelques secondes plus tard, il évite de justesse une Clio tous feux éteints, stationnée au milieu de la route. Le conducteur redémarre rapidement, mais son plafonnier est allumé. Le témoin identifiera l’homme dans l’habitacle : bonnet noir, barbe naissante, description qui permettra de brosser un portrait-robot fidèle. 29 personnes vont s'accorder sur la rassemblance frappante du croquis avec un certain Laurent Déjean.
L'accusé : un schizophrène habitant Bouloc
Ce trentenaire, psychotique, consommateur de cannabis, habite Bouloc et possède une Clio correspondant au modèle aperçu. Il se débarrassera du véhicule - selon les enquêteurs - juste après le meurtre et niera en avoir été le propriétaire. Autre fait troublant : il se fera interner quelques jours après le meurtre. Laurent Déjean : un schizophrène sujet à des crises de démence selon ses proches, et prompt à s’excuser juste après. Des riverains de la route de Fronton entendront ce funeste matin des hurlements de femme, puis les pleurs d’un homme exprimant des remords "excuse-moi, excuse-moi, excuse-moi..."
Pour l'avocat général : "pas assez de preuve" pour un procès !
Pour autant, Laurent Déjean n’a pas été confondu par une quelconque trace ADN. Il nie depuis 8 ans toute implication. Le véhicule qui, selon les enquêteurs, aurait servi à transporter le corps de la victime de Bouloc à Villematier, n'a jamais été retrouvé. L'aggravation de son état psychique et son internement après le crime ? "C'est un garçon sous curatelle, normal qu'il se soit fait surveiller [...] trouvez-moi un dossier criminel où un avocat général indique qu'il n'y a pas assez de peuve pour le renvoyer devant la Cour d'Assises" plaide Me Guy Debuisson, son avocat. "On dit que le parquet un et indivisible, on verra ce qu'il en est le mois prochain !" s'emporte le conseil de L. Déjean. Le portrait-robot ?... "sujet à caution et non signé par son auteur" ajoute-t-il.
La Chambre de l'Instruction renvoie bien le trentenaire de Bouloc devant la Cour d'Assises de Haute-Garonne. Son procès commence dans un mois. Le meurtrier présumé de Patricia Bouchon, mis en examen pour homicide volontaire le 9 février 2015, risque la réclusion criminelle à perpétuité. La partie civile sera représentée par Me Stéphane Juillard et Me Léna Baro.