Le nouveau départ de l’hôpital Ducuing à Toulouse
Un temps en crise, l’établissement à la typicité militante veut renouer avec une réputation sans faille.
Publié : 10 mars 2022 à 14h12 par Brice Vidal
Le climat social s’était fortement détérioré depuis 2020 à l’hôpital Ducuing à Toulouse. Le personnel et notamment les médecins de cette structure, à vocation sociale et militante, n’en pouvaient plus. Plus aucun dialogue avec la direction qui a donc été remerciée. Une nouvelle directrice, en la personne de Cathy Garcia, a pris ses fonctions le 24 février dernier ; « il nous fallait réapprendre aussi à communiquer » a expliqué Claudine Regourd nouvelle présidente de l’AMS, l’association des amis de la médecine sociale, en conférence de presse ce jeudi.
Ducuing c’est un hôpital de 20 000 m² niché au cœur du quartier Saint-Cyprien et créé en 1944 par des médecins et des unités de combattants espagnols des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI). Structure privée à but non lucratif, sa réputation n’avait pas à souffrir du comparatif avec ses concurrents publics et privés, notamment en terme de soins palliatifs, soins de support, lutte contre la tuberculose. Les 600 salariés font la réputation de l’établissement réputé notamment pour son approche psychologique de la naissance (2500 accouchements par an), son obstétrique (30% des accouchements toulousains), son addictologie aussi.
Une feuille de route pour renouer le dialogue et préparer l’hôpital de demain
Seulement, la parenthèse de l’ancienne direction a écorné l’image de l’établissement ; « il fallait renouer le dialogue avec des rapports apaisés avec l’ensemble des professionnels » indique Cathy Garcia qui renouvelle le projet médical « pour mieux correspondre aux besoins de santé publique » et veut reconstruire le service de médecine après le départ de trois médecins. Par ailleurs l’hôpital veut ouvrir plus de lits (170 actuellement) progressivement, « on espère en ouvrir une trentaine d’ici la fin de l’année » et « nous avons déjà recruté un médecin, un autre arrive en mai » précise la nouvelle directrice qui veut également augmenter le nombre d'accouchements à la maternité et développer les activités de chirurgies orthopédique, digestive et gynécologique.
« On se sent désormais plus à l’aise, il y aura encore des désaccords avec la direction, c'est normal, mais on arrive à discuter » rassure le docteur Guillaume Morcelli, anesthésiste à Ducuing. Ici les médecins sont salariés « on est secteur 1, il y a un esprit Ducuing, dans mon service on travaille entre amis ».
Mixité sociale et médecine de qualité
« Les patients reviendront » assure Cathy Garcia, car Ducuing est « un hôpital attachant avec un esprit d’équipe et une culture familiale ». Claudine Regourd met en garde contre l’image fausse d’hôpital ghetto « certains rêvaient de nous faire jouer ce rôle-là » tacle-t-elle, pourtant « si on veut pratiquer une médecine d’excellence elle doit être destinée à tout le monde » affirme celle qui se souvient d’un chirurgien lui déclarant récemment « quand j’ai dans ma salle d'attente un SDF et un directeur d’Airbus c’est le médecine que j’aime exercer » ; la mixité sociale vue comme un gage de qualité « il y a énormément de CSP + en médecine obstétrique » abonde Guillaume Morcelli.
« Le redressement économique de l'hôpital est impératif pour assurer sa pérennité » glissera Cathy Garcia à la fin de son propos.