L'imam toulousain Mohamed Tataï comparaîtra en justice pour provocation à la haine raciale
Publié : 4 janvier 2021 à 21h30 par Brice Vidal
L'imam de la mosquée d'Empalot avait été mis en examen en décembre 2018.
Relayé sur les réseaux sociaux, son prêche controversé avait fait couler beaucoup d'encre. L'imam de la mosquée d'Empalot à Toulouse devra bien s'expliquer devant le tribunal correctionnel comme le révèle La Dépêche du Midi ce lundi soir.
Une information qui nous a été confirmée par l'avocat notamment du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) et de la LICRA, Me Simon Cohen, partie civile dans cette affaire. Et pour cause, le "hadith" aux relents antisémites et cité en arabe par l'imam Tataï lors de son prêche de 2017, se traduisait ainsi "Les Juifs se cacheront derrière les rochers et les arbres et les rochers et les arbres diront : Ô musulman, Ô serviteur d’Allah, il y a un juif qui se cache derrière moi, viens le tuer". Une sortie qui avait scandalisé les Juifs de Toulouse, communauté encore meurtrie par les assassinats abjects du petit caïd devenu djihadiste, Mohamed Merah, en 2012. Après avoir tergiversé, Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris avait finalement condamné les propos de Mohamed Tataï.
En 2018, l'imam interrogé par nos confrères de France 3 avait exprimé ses regrets estimant que ses paroles "décontextualisées" avaient été "mal interprétées". Même tonalité chez plusieurs de ses fidèles que nous avions rencontrés en 2018, même si certains reconnaissaient "un dérapage" du religieux. Objet d'une enquête pour provocation à la haine raciale, Mohamed Tataï avait été mis en examen par un juge d'instruction en décembre 2018 après l'ouverture d'une information judiciaire le 20 septembre 2018 pour "provocation publique, par parole, à la haine ou à la violence en raison de l’origine, de l’ethnie, la nation, la race ou la religion; d’autre part, de provocation publique, au moyen de communication au public par voie électronique, à la haine ou à la violence en raison de l’origine, de l’ethnie, la nation, la race ou la religion."
Le paragraphe du Coran cité dans son discours tombe-t-il sous le coup de la loi ? Suffisamment en tout cas pour les magistrats instructeurs, ils ont estimé "qu’un tribunal, impartial et dans le cadre d'un débat contradictoire, devait trancher" rappelle l'avocat du Conseil représentatif des institutions juives de France et de la Licra, Me Simon Cohen, partie civile dans cette affaire. Un tel procès peut-il cristalliser un peu plus les tensions ? "J'espère que non. Le dispositif législatif n'est pas destiné à protéger une religion spécifique, mais à protéger les libertés de tous" déclare le pénaliste. "Je fais partie de ceux qui pensent que la protection offerte par la loi est suffisante, elle ne supprime ni la liberté de penser, ni la liberté de culte".