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L'espoir : un vaccin personnalisé contre le cancer "du fumeur" testé à Toulouse

Publié : 1er février 2021 à 21h12 par Brice Vidal

Les essais cliniques démarrent à l'Oncopole.

 

L'idée de vacciner des patients atteints du cancer n'est pas apparue récemment, elle a plus de 50 ans, mais l'Oncopole est en passe de réussir là où d'autres ont échoué. En créant un vaccin correspondant "au profil mutationnel de chaque tumeur".

L'établissement teste un vaccin personnalisé contre les cancers ORL (apparus autour de la gorge ou dans la gorge). Une première en Europe. "Ce n'est pas un vaccin préventif " modère le professeur Jean-Pierre Delord qui dirige les essais cliniques "ici les patients ont développé un cancer et on a la possibilité de fabriquer un vaccin qui correspond à leur tumeur".

 

Des supercalculateurs nécessaires

Les essais cliniques ont commencé "en partenariat avec la société biopharmaceutique Transgène", les chercheurs doivent, en un temps très court, collecter "toutes les informations concernant l'ADN qui sont sur les cellules cancéreuses et l'ADN normal du patient". Des supercalculateurs sont nécessaires car "cela demande d'analyser deux fois 3 milliards de données". Des algorithmes permettent ensuite de "sélectionner quelques dizaines de mutations" et identifier la protéine qui "déclenche la réponse immunitaire".

Trois objectifs : prouver qu'on peut fabriquer un vaccin en temps réel individualisé "on y est arrivé au moins trois fois sur quatre et c'est exceptionnel", prouver aussi qu'on peut vacciner un patient en toute sécurité, enfin "le plus important" prouver que le corps a développé une défense immunitaire. Contrairement à un vaccin contre un virus "il ne s'agit pas d'anticorps" mais une réponse immunitaire "enclenchée par des cellules".  

 

Le succès d'une chaine de collaborations

Cette réussite ne serait pas possible si l'Oncopole n'avait pas organisé une chaine de collaborations "chirurgiens, radiothérapeutes, recherche fondamentale, société Transgène". D'ici 12 à 24 mois, les spécialistes toulousains seront en mesure de dire s'ils sont en capacité d'immuniser les patients ; "ensuite il faudra montrer que cela diminue le risque de rechute et ça prend plus de temps : 3 à 5 ans à compter d'aujourd'hui..." explique Jean-Pierre Delord.

 

Un espoir pour guérir les cancers liés au tabac

Cette technique ne permettra pas forcément de traiter à terme tous les cancers car "certaines formes de cancer ne déclenchent l'apparition de très peu d'antigènes", mais pour les cancers associés à un grand nombre de mutations (comme ceux associés à la consommation de tabac) "oui il y a beaucoup d'espoir ". Une avancée à souligner alors que se tient ce mercredi la journée mondiale contre le cancer.

 

Jean-Pierre Delord.