L'ancien du TFC Ouissem Belgacem tacle l'homophobie dans le foot

 

C’est une histoire pas comme les autres et c’est pourtant le quotidien de milliers d’adolescents.

Ouissem Belgacem est venu à Toulouse parler de sa vie de footballeur, un footeux homosexuel. Il a fait ses classes au TFC dans un univers  "ultra machiste et masculiniste et toxique". Ouissem aime les garçons et pendant des dizaines d’années il a caché ses préférences. Peur d'être jugé, exclu. Pour éviter l'ostracisme, il s’est construit une deuxième personnalité, expérience qu’il est venu raconter mardi lors des 4e rencontres pour l’égalité au Conseil départemental de Haute-Garonne.

Ouissem  a tout fait pour être quelqu’un d’autre, "je suis sorti avec des filles pendant longtemps, je me suis tourné vers ma religion, je suis même allé voir du porno lesbien" ; tout tenté pour créer ce désir qu'il n'avait pas pour les femmes, "on ne choisit pas son origine mais on ne choisit pas non plus d'être gay, pourquoi on viendrait m'emmerder avec ça toute ma vie ?"

Le joueur doit se cacher de ses coéquipiers et supporter une banalisation de l'homophobie "faut faire face à des insultes quotidiennes, elles ne me visaient pas forcément, mais si tu rates un truc tu récoltes des insultes comme sale pédé". Une ambiance délétère car, selon lui, le foot est à la croisée des chemins : "il y a beaucoup de joueurs qui viennent de quartiers difficiles et c'est compliqué d'être homo là-bas, j'en suis un pur produit" sans compter "le volet religieux", "je suis musulman et je n'ai jamais entendu de discours tendres vis à vis des personnes homosexuelles dans ma communauté". L'ancien violet attribue aussi une part de responsabilité aux actuels dirigeants du foot français "beaucoup considèrent encore les chants homophobes comme faisant partie du folklore" estime l'auteur de “Adieu ma honte”, récit poignant d’un enfant des cités promis à une carrière à haut niveau, avant que son homosexualité n’en précipite la chute.

 

Crédit photo Aurelien Ferreira CD31.