INDISCRÉTION 100% : Pourquoi, au dernier moment, la visite du Premier ministre à Toulouse a failli capoter
Publié : 9 octobre 2020 à 16h30 par Brice Vidal
Jean-Luc Moudenc aurait mis la pression au gouvernement, en menaçant de saboter la signature prévue ce vendredi.
“La politique, fille de la diplomatie et de l'escroquerie courtoise" disait l'écrivain Jacques Sternberg. Toulouse a bien failli en faire les frais ce vendredi.
Jean CASTEX, Premier ministre, accompagné de M. Jean-Michel BLANQUER, ministre de l'Éducation, de Gérald DARMANIN, ministre de l'Intérieur et d'Éric DUPOND-MORETTI, Garde des Sceaux, était dans la Ville rose ce vendredi, pour signer le premier "contrat de sécurité intégrée". Le gouvernement a donc annoncé le renfort de 111 policiers d'ici 2021 et l'arrivée de trois magistrats supplémentaires (un au parquet et deux magistrats du siège) pour pallier le manque criant de personnels de justice, dans une ville qui connaît une "banalisation de la délinquance du quotidien" dixit le gouvernement, et a connu plusieurs règlements de comptes sanglants, cet été, sur fond de trafic de stupéfiants.
Toulouse a failli ne pas avoir les renforts de magistrats escomptés
Mais dans la coulisse, tout ne s'est pas passé exactement comme prévu et la signature en grande pompe a failli être compromise. Selon une source locale, si les annonces de policiers supplémentaires n'ont pas été contestées ; jusqu'au dernier moment, les créations de postes de magistrats ont posé problème. L'Etat - en fait la haute administration de la Chancellerie - freinant des quatre fers. A la dernière minute, l'exécutif a retiré les nouveaux procureurs et juges prévus pour Toulouse, après avoir promis « un effort ».
A la suite de quoi, toujours selon nos informations, Jean-Luc Moudenc serait rentré dans une colère noire jeudi soir et aurait menacé de faire capoter la signature. Le maire de Toulouse - sortant de ses prérogatives municipales - se serait même fendu d'un texto au Premier ministre jeudi soir, à quelques heures de l'arrivée du cortège gouvernemental. Menaçant de ne pas signer le fameux "contrat de sécurité intégrée", si Toulouse n'avait pas ses ouvertures de postes au Tribunal judiciaire.
Le coup de sang payant
Finalement après une entrevue matinale avec le cabinet du Premier ministre volant vers l’Occitanie, la création des trois postes de magistrats au TJ de Toulouse a été validée, après un arbitrage de Jean Castex en personne. Une valse-hésitation "propre au fonctionnement français" nous explique un politique haut-garonnais proche de la majorité d'Emmanuel Macron, "les directeurs d'administrations centrales sont tout-puissants" et parfois même "invalident les engagements pris par les ministres !" La technostructure n'a cette fois pas eu le dernier mot...