Grogne des éboueurs : Toulouse va-t-elle connaître une situation à la marseillaise ?
Les personnels chargés de la collecte des déchets sont prêts à se mobiliser après les annonces choc de Toulouse Métropole.
4 novembre 2021 à 15h46 par Brice Vidal
La réunion de mardi à Marengo a fait l’effet d’une bombe chez les personnels chargés de la collecte de déchets sur Toulouse Métropole. Six syndicats représentatifs (FO, Unsa, CGT, Sud, CFDT, LSA) ont écouté les annonces de la direction générale des ressources humaines et direction de DMT (déchets et moyens techniques). Ils sont ressortis fort courroucés.
Dans le cadre de la loi de transformation de la fonction publique, l’Etat exige que tous les fonctionnaires, y compris territoriaux, effectuent 1607 heures de travail annuel. La pillule était passé difficilement dans la Ville rose. Et des dérogations avaient été accordées par Toulouse Métropole, eu égard à la pénibilité de certains métiers. La collecte des déchets fait partie de ce régime dérogatoire. Sauf que tout semble aujourd'hui remis à plat « alors que c’a été signé par le maire-président » s’émeut Nicolas Réfutin, secrétaire général du syndicat FO Toulouse Métropole.
La pénibilité mal payée à Toulouse selon les syndicats
Il pourrait être acté le 18 novembre, en comité technique, que la compensation en jours de repos de la pénibilité plafonne à 14 heures (2 jours) à Toulouse Métropole « alors que les collègues de Marseille ont eu entre 150 et 160 heures ! » s’indigne le syndicaliste. « Actuellement les collègues éboueurs ont 35 jours de vacances par an », avec la nouvelle formule ils passeraient à 27 jours + 2.
Par ailleurs lorsqu’en 2019 Toulouse Métropole a réduit la fréquence des collectes « et 25% de ses effectifs contractuels » avec pour conséquence une augmentation de la charge de travail pour les agents, ces derniers ont eu des contreparties, « un jour férié travaillé entraînait deux jours de récupération et un bonus de 150 euros ». Désormais ce sera l’un ou l’autre a expliqué l’administration de TM.
Le « fini-parti » également remis en cause
Toulouse Métropole veut aussi en terminer avec la tradition du « fini-parti ». Concrètement, la tournée débute à 5 heures et les agents terminaient vers 10h ou 10h15 une fois les camions nettoyés. La collectivité entend faire rester les agents jusqu’à midi, ils ne seront pas autorisés à quitter le dépôt avant ; « dans ce laps de temps on nous propose des formations, des débriefings pour patienter, rien de concret » s’emporte Nicolas Réfutin.
Les organisations consultent actuellement leurs bases afin de déterminer les modalités d’une action commune d’ici une quinzaine de jours « les agents sont très remontés oui il peut se profiler une situation à la marseillaise », la cité phocéenne où des déchets se sont amoncelés pendant plusieurs jours.
Vincent Terrail-Novès appelle à la responsabilité des syndicats
Vincent Terrail-Novès, rappelle que « la double compensation a été jugée illégale par les services de l’Etat. » L’élu en charge des déchets concède que la collecte « est un métier pénible » mais souligne que « par rapport à d’autres métiers pénibles au sein de la collectivité, les agents de la collecte sont bien lotis, les agents de la propreté n’en ont pas le tiers ». Il évoque notamment « des primes importantes ».
Concernant le « fini parti » Vincent Terrail-Novès veut « une collectivité exemplaire », il appelle les organisations syndicales « à être responsables » car « le fini parti est une pratique qui va à l’encontre de la santé et de la sécurité de nos agents : prendre des sens interdits, vider manuellement parce que ça va plus vite. Nous voulons éviter d’avoir des agents cassés une fois à la retraite ». L’élu rappelle aussi qu’entre « 2018 et 2020, il y a eu 215 accidents du travail alors que Toulouse Métropole compte 500 agents » il rappelle aussi les 200 plaintes par semaine des administrés « pour des bacs mal positionnés par exemple ».
Et si le conflit se durcissait ? « L’opinion publique aurait du mal à comprendre cette attitude » professe-t-il.