Grève des éboueurs à Toulouse : les poubelles débordent, le conflit se durcit
Après la grève du zèle, les agents de la collecte se lancent dans une grève dure ce mercredi. Les habitants sont partagés entre ras-le-bol et indulgence.
21 décembre 2021 à 15h43 par Brice Vidal
Le mouvement social des agents de la collecte des déchets prend de l’ampleur à Toulouse, alors que le conflit à Marseille vient de se terminer. Des préavis de grève sont déposés principalement à partir de ce mercredi. Si certains secteurs étaient déjà couverts par les éboueurs de manière très épisodique, cette fois des zones ne seront plus collectées du tout. Mauvaise nouvelle à l’approche de Noël avec les emballages et papiers cadeau à jeter.
Du désordre mais pas encore de mauvaises odeurs
A Toulouse, l’Union ou Colomiers les administrés sont partagés. Odile, sexagénaire de Saint-Jean, concède que ce sera problématique « si ça dure ». Muriel n’en peut plus « les éboueurs sont passés il y a quinze jours mais n’ont fait que le côté opposé à mon domicile », désormais « il y a des eaux de rôti par terre les poubelles débordent, avec le chien je suis obligé d’aller sur la route, j’imagine les mamans avec les poussettes », la sémillante quinquagénaire nous confie avoir vu récemment « des rats qui allaient de bout en bout de la rue ». Bernard, qui habite l’Union, se range du côté des grévistes « ce sont des revendications ouvrières, on veut leur enlever un avantage acquis » alors « ce n’est pas non plus handicapant pour le moment, ils passent tous les quinze jours, vous le voyez la ville est propre » se convainc-t-il.
Ce n’était pas le cas sur les bords du canal à Toulouse où beaucoup de containers commençaient à « dégueuler » ce mardi : une manière pour les éboueurs de mettre la pression sur Toulouse Métropole qui a l’avantage de la période : avec le froid hivernal l’odeur n’est pas encore pestilentielle en ville.
Des négociations toujours en cours
Les discussions n’ont que peu avancé pour le moment selon l’Intersyndicale. « On regrette que ça se passe ainsi en cette période de fêtes » déclarait Nicolas Réfutin secrétaire général du syndicat FO de Toulouse Métropole et membre de l’Intersyndicale « mais le conflit qui nous oppose à la collectivité ne nous permettait pas d’agir autrement » explique-t-il, tandis que les éboueurs prennent depuis plusieurs semaines "tout leur temps" pour ramasser les déchets, tout en oubliant des secteurs (sciemment?), « ils collectent comme le veut la collectivité, c'est un avant-goût de ce qui se passerait à partir de janvier 2022 » affirme l'Intersyndicale.
Un nouveau round de négociation se tenait ce mardi « il y a au quelques timides avancées » indique Nicolas Réfutin. Toulouse Métropole aurait accepté un élargissement de la prime d’intéressement qui passerait de 300 à 450 euros, accepterait aussi de prioriser le recrutement d’agents contractuels alors qu’une trentaine de postes seront bientôt à pourvoir au sein du service de la collecte. Également une prime sur les chauffeurs considérés comme chef d’équipe. Sur le volet pénibilité, la collectivité validerait l’octroi de 7 jours de RTT au lieu de 2, mais serait inflexible sur la réduction du temps de travail journalier.
Pour rappel Toulouse Métropole veut en terminer avec la tradition du « fini-parti ». Concrètement, la tournée débutait auparavant à 5 heures et les agents terminaient vers 10h ou 10h15 une fois les camions nettoyés. La collectivité entend faire rester les agents jusqu’à midi, ils ne seront pas autorisés à quitter le dépôt avant. Afin de limiter les désagréments pour les habitants, Toulouse Métropole a fait appel à deux prestataires privés pour compléter la collecte : Véolia et la Coved.
→ Grogne des éboueurs : Toulouse va-t-elle connaître une situation à la marseillaise ?