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Elections régionales : un débat d’entre-deux-tours viril et direct

24 juin 2021 à 22h54 par Brice Vidal

La tension est montée d’un cran dans le deuxième débat organisé par le groupe La Dépêche du Midi en partenariat avec 100%.

 

Les candidats en lice, Carole Delga (PS), Aurélien Pradié (LR) et Jean-Paul Garraud (RN) se sont rendus coups pour coups ce jeudi sur le plateau de la télévision régionale viàOccitanie. Le deuxième débat, un temps incertain, était organisé par le groupe La Dépêche du Midi en partenariat avec 100%. Les journalistes de La Dépêche, Midi Libre, l’Indépendant et 100%, sous le magistère du présentateur Olivier Roirand ont bombardé les candidats de questions tournant autour de quatre grandes thématiques.

 

La politique  

Après un rapide coup d’œil dans le rétroviseur reflétant les chiffres du premier tour dimanche, le débat tournait autour du fait politique principal : l’abstention.  « Rien n’a été fait pour que les élections soient passionnantes » tonnait Jean-Paul Garraud principal perdant du premier tour avec une dizaine de points perdus par rapport au score de Louis Alliot en 2015, « oui nos électeurs semblent ne pas s’être déplacés » mais « les sondeurs se sont trompés au premier tour, ils peuvent se tromper sur le second tour » se rassurait-il.

Carole Delga expliquait en partie cette désaffection par des concitoyens « aspirant à partir en week- end, après un cycle de confinement » mais « ça n’est pas la seule explication » analysait la présidente sortante arrivée en tête dimanche avec près de 40 % des suffrages « il y a aussi les promesses non tenues à la suite de la crise des Gilets Jaunes » comme « la convention sur le climat ».

Aurélien Pradié martelait tel un mantra « tout le monde sait que le Rassemblement National ne gagnera jamais ces élections, au second tour le vote efficace c’est le rassemblement autour de ma candidature. Carole Delga n’est pas la reine d’Occitanie. Je suis le seul à pouvoir incarner l’alternance. » Le round d’observation passé, les hostilités pouvaient commencer « vous pensez sérieusement que vous allez gagner cette élection ? Vous êtes imbu de votre personne, gonflé à l’hélium […] vous êtes le diviseur de la droite » rétorquait son adversaire du Rassemblement National.  

Et l’absence d’accord entre EELV et Carole Delga, la sortante péchait-elle par excès de confiance ? « Nous n’avons pas trouvé d’accord avec le parti EELV, parce que nous n’avons pas la même conception de la gouvernance » contrait la socialiste.

 

La jeunesse

Aux intervieweurs corrélant la faiblesse apparente des propositions du RN à l’égard de la jeunesse et des jeunes ayant déserté les urnes, Jean-Paul Garraud opposait « ce n’est pas l’absence de proposition qui fait que les jeunes n’ont pas été voter », « moi je suis de ceux qui pensent que les projets comptent en politique » raillait Aurélien Pradié. Carole Delga rappelait l’importance des mesures initiées par sa majorité : gratuité des trains, ordinateurs pour les lycéens, la tête de liste LR taclait une mesure « égalitariste » et « typiquement socialiste » qui conduit à retrouver les ordinateurs « en vente sur le bon coin le lendemain ». Le revenu écologique de 500 euros proposé par Carole Delga ? « Un gadget » pour Jean-Paul Garraud. Le candidat du Rassemblement National qui selon la sortante n’a compris « ni mes propositions, ni celles de Mr Pradié, ni ce qu’est l’Occitanie. » Et quand Aurélien Pradié sortait un graphique mettant en exergue un taux de pauvreté supérieur en Occitanie par rapport au national Carole Delga pestait sur « la malhonnêteté » du député lotois. Ambiance…

 

Dernier round

Les séquences suivantes - économie et qualité de vie - étaient du même tonneau. Entre éléments programmatiques, coup de sang et invectives : le candidat RN, sans cesse piqué par un Pradié querelleur et pince-sans-rire, menaçait même de quitter le plateau !

« La LGV ? 40 ans d’échec » attaquait un Jean-Paul Garraud que Carole Delga tentait de recadrer « à partir de juillet 2017 nous n’avons pas pu avancer, le Premier ministre Jean Castex a voulu rouvrir ces dossiers. Nous nous sommes battus notamment avec Jean-Luc Moudenc pour la LGV Bordeaux-Toulouse. Une réunion aura lieu la semaine prochaine à Matignon pour discuter des financements » , « les faits sont têtus » assenait-elle.

Suivait une prise de bec sur l’éolien avant que le candidat RN n’accuse Carole Delga de financer des mouvements « favorisant le communautarisme » dénonçant son soutien à SOS Méditerranée. L’accuser de communautarisme, elle qui a projeté « les caricatures Charlie Hebdo sur l’hôtel de région », la favorite des sondages ne digérait pas. Elle rappelait son action en matière de sécurité notamment dans les TER, « insuffisant » pour Aurélien Pradié pour qui les régions de droite ont de meilleurs résultats en la matière. Le candidat LR promettait de supprimer les subventions aux « associations qui ne soutiennent pas la laïcité ».

Le débat, viril, illustrait finalement les clivages forts entre les trois candidats. Carole Delga, en femme de dossier, n’avait pas été prise à défaut. Elle restait au-dessus de la mêlée lors des chikayas à sa droite. Aurélien Pradié, puncheur et habile, serait-il la future figure de la droite régionale ? Verdict dans les urnes dimanche 20 heures.    

 

Débat en replay vidéo sur viàOccitanie 

 

Photos : Dépêche du Midi - Michel Viala.