DOSSIER 100% - L'après-Covid : le rugby amateur se réveille avec la gueule de bois en Occitanie
Nombre de licenciés en baisse, déficit d’arbitres, dirigeants "retraités" aux abonnés absents. La Ligue Occitanie se veut malgré tout confiante.
5 octobre 2021 à 20h50 par Brice Vidal
Le rugby amateur se réveille avec la gueule de bois après la crise sanitaire. Selon les premiers chiffres que nous avons pu consulter, la Ligue Occitanie enregistre une baisse du nombre de licenciés de -14,5 % chez les cadets et les juniors, - 11 % chez les seniors. Pour de nombreux dirigeants, l'obligation de se munir du passe sanitaire - à partir de 12 ans récemment - a entraîné des défections.
"Je ne suis pas le ministre de la santé" tempête le président du SSGL XV
Contacté le président du club de rugby de St Gaudens, Bruno Perrot fait partie de ces sceptiques. Favorable à la vaccination, il dénonce pour autant l’inégalité de traitement entre les clubs de sport d'un côté, les scolaires et UNSS de l'autre. Bruno Perrot voudrait être sur un pied d’égalité ; "samedi on va à Mazamet, il a fallu prendre rendez-vous avec un pharmacien à 9 heures pour des tests, c'est une vraie lourdeur administrative" explique celui dont les joueurs ne sont pas tous vaccinés, "à l'école on n'exige pas le passe sanitaire c'est très inéquitable. Je comprends que c'est pour pousser à la vaccination, mais c'est pas mon problème, je ne suis pas ministre de la santé" tonne le dirigeant commingeois.
Clubs cherchent trentenaires désespérement
Autre point noir, il manque actuellement 70 arbitres sur 700 en Occitanie et les dirigeants de plus de 70 ans ont déserté les clubs "certains, par peur du Covid, à juste titre" explique Bruno Perrot, "d'autres sont décédés".
Et avec 11% des seniors qui ne sont pas revenus sur les terrains, de nombreux clubs sont aujourd'hui obligés de composer leurs équipes seniors avec des juniors 3e année.
L’obligation du passe sanitaire a-t-elle refroidi les trentenaires ? "Non" selon le président de la Ligue Occitanie Alain Doucet qui a une autre explication "un club de rugby c'est une société où on a des objectifs communs [...] depuis plus d'un an le ressort est cassé et beaucoup de trentenaires ont repris goût à la vie de famille : on a du mal à les faire revenir parmi nous".
L’obligation du passe sanitaire est aussi une des causes. Et puis, avec des clubs en difficulté financière, finis les chèques à la fin des matches en Honneur ou en Fédérale 3 ! Cela fait-il partie du problème ? Alain Doucet veut tordre le cou à une idée reçue "les clubs ne sont pas trop mal financièrement, la majorité a perçu ses subventions l'an dernier [...] après je ne vais pas m'immiscer dans la vie des clubs [...] ceux qui fonctionnent uniquement à l'enveloppe sont peut-être plus en difficulté..." résume-t-il.
Le Covid provoque une épidémie de fusions
Pour la Ligue Occitanie les choses ne vont pas si mal. Le travail des instances et des dirigeants aurait permis de "limiter la casse".
Tout ne serait donc pas si noir si l'on confronte toutes les catégories d'âge. Selon la Ligue, les écoles de rugby se portent bien avec des licenciés en hausse de 6% par rapport à 2019. Pourtant la pénurie de joueurs est bien réelle : les fusions se multiplient, car les clubs n’ont plus assez de joueurs à aligner. Exemple près de Toulouse, en cadets, où Aucamville a fusionné avec L’Union et Vallée du Girou. Un cas loin d’être isolé rappelle le président de Saint-Gaudens, Bruno Perrot ; "nous sommes avec Montesquieu, Montréjeau avec Bagnères et Lannemezan imaginez-vous ? Ce sont les conséquences du Covid. Certains clubs se sont mis en entente en U14 ou en U12."
Les départements des Pyrénées-Orientales et de l'Ariège seraient les plus impactés par la pénurie de joueurs. Alain Doucet se rassure avec des effectifs en augmentation chez les féminines des écoles de rugby (+ 28%).