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Diamants volés et fausses identités au tribunal de Castres

Publié : 3 mars 2020 à 21h45 par Cyrille Masson

Diamants, fausses identités, rencontres dans des hôtels de luxe et liasses de billets, c’est la recette de vol rocambolesque commis en août 2017 par plusieurs ressortissants roumains. Marian, Napoléon et Elisabeta étaient jugés par le tribunal correctionnel de Castres ce mardi pour association de malfaiteurs, vol en réunion et vol : celui de 3 pierres précieuses.

Une escroquerie qui a un nom : le « rip deal ».

 

L’affaire commence en avril 2017, quand un commanditaire, un ressortissant serbe, Dollar Jovanovic, recrute un couple de ressortissants roumains, Napoléon Farkas et Elisabeta Hegedus.

Il les charge d’organiser un vol de pierres précieuses, et pour cela de recruter leur équipe.

Les malfaiteurs prennent alors contact à Monaco, dans un salon, avec les sociétés d’un Tarnais, Luc Cabrol et de son associé, un ressortissant Indien, Nishit Sha, pour acquérir des diamants. Ils ne possèdent pas eux-mêmes les pierres, mais s’occupent des ventes pour leurs propriétaires.

Deux rencontres ont lieu dans les semaines qui suivent à Milan, dans des endroits luxueux, où les faux acheteurs font étalage de leur richesse supposée, en affichant notamment des liasses de billets de 500 euros, et en déclarant vouloir payer des diamants en liquide.

Luc Cabrol se méfie. Dans le milieu très fermé des pierres précieuses, certaines choses ne se font pas. Il décide de rompre les négociations. Mais son associé décide lui de poursuivre les discussions.

 

En aout 2017, une troisième rencontre a lieu près de Mazamet, au golf de la Barouge. Nishit Sha et Luc Cabrol ont amené trois diamants, authentifiés et certifiés. Leur valeur est estimée à plus d’un million de dollars.

Les dernières négociations se concluent là, dans une pièce où se trouve Nishit Sha et le faux expert – Marcian Rackman- envoyé par les faux acheteurs. La transaction est actée. L’Indien met les trois diamants dans une boîte spéciale, scellée, qui a, détail important, été amenée par le prétendu expert. Cette boite possède en fait un double fond, qui permet à Marcian de subtiliser les pierres précieuses. Tout au long de ces négociations et du vol, le roumain ne cesse de sortir de la pièce pour téléphoner, « pour enfumer et duper la vigilance du vendeur » raconte la présidente du tribunal.

Nishat Sha repart avec la boîte scellée, attendre le virement bancaire promis. Il ne viendra jamais. Il ouvre alors la boîte…qui est bien sûr vide ! « Un tour de passe-passe dans une mallette à double fond, de longue négociations, l’arnaque d’une victime » résume le procureur de Castres qui requiert 4 ans de prison à l’encontre du couple et du faux expert et 5 ans à l’encontre du commanditaire, Dollar Jovanovic, absent de ce procès car réfugié à l’étranger.

 

« Je suis fan du film « l’Arnaque », commente l’avocat des parties civiles, Jean-Christophe Laurent, « mais là, nous sommes plutôt dans les pieds-nikelés ! On pourrait en rire, mais on peu aussi en pleurer » estime l’avocat, qui rappelle que Nishat Sha est décédé d’un infarctus quelques mois après ce vol qui lui a coûté plusieurs centaines de milliers d’euros.

Alexandre Parabruguière et Etienne Pachot, qui défendent les prévenus, s’attachent à relativiser les faits. Oui, l’affaire est hors norme car on parle de diamants, mais il s’agit finalement d’un simple vol.

Elisabeta cherche à minimiser son rôle : non, elle n’a pas participé à l’opération, elle n’a recruté personne. Sa version est, pour le procureur, contredite par les écoutes téléphoniques réalisées durant l’enquête. La présidente rappelle également qu’elle est connue sous pas moins de 9 identités différentes !

Le tribunal suit les réquisitions et condamne le commanditaire du vol à 5 ans de prison et prononce à son encontre un mandat d’arrêt. Condamne à 4 ans de prison les trois autres prévenus, avec maintien en détention. Ils sont aussi tous condamnés à plusieurs milliers d’euros d’amende.

 

L’arnaqueur arnaqué

Pour sa participation en tant que faux-expert, et pour dérober les diamants, Marcian devait être payé 50 000 euros par le couple Napoléon/ Elisabeta. Faute d’argent, ceux-ci lui ont finalement donné un diamant, censé être l’un des trois qu’il venait de voler.
Lors de son interpellation, quelques temps plus tard, Marcian a tout juste le temps d’avaler quelque chose : le diamant ! Les enquêteurs mettront plus tar la main dessus. Et surprise : il s’agissait d’un faux grossier !

Les trois diamants volés – authentiques ceux-là- demeurent introuvables.