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De la désinformation "anti-vax" affichée à Toulouse et Saint-Orens : les autorités peuvent-elles ordonner le retrait ?

Polémique autour des fake news de RéinfoCovid sur une dizaine d'affiches du publiciste Luchetta en Haute-Garonne.

Publié : 16 août 2022 à 15h50 par Brice Vidal

 

Le docteur Jérôme Marty a failli s’étrangler en découvrant les panneaux d’affichage 4x3 à Toulouse indiquant « Vaccin anti-Covid. 1 accident cardiovasculaire pour 100 injections ». Le sang du médiatique médecin n’a fait qu’un tour. Sur le réseau social Twitter, il en a appelé à l’intervention du maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc « vous ne pouvez laisser impunie cette communication mensongère et manipulatoire » s’indigne-t-il.

 

Deux panneaux repérés notamment à Toulouse et Saint Orens

Contactée la mairie de Toulouse avait recensé, mardi soir, au moins huit panneaux affichant les fake-news, comme face au Centre culturel Ernest-Renan, quartier des Trois Cocus. Mais un autre était repéré dans la cité voisine de Saint-Orens « nous avons prévenu la préfecture » précisaient les deux collectivités qui réfléchissaient aux armes juridiques pour saisir ou demander le retrait des affiches controversées. Une autre affiche aurait été aperçue à Castelmaurou.

Le publiciste LPS Luchetta Affichage - la succursale de Portet-sur-Garonne était injoignable ce mardi - diffuserait ces messages : « c’est de l’antiscience et de la manipulation » s’offusque le Dr Jérôme Marty.  

 

Un message « grotesque » d’une association « anti-science » pour J. Marty

Pour le médecin frontonnais « l’association RéinfoCovid, derrière tout ça, est à la limite du sectarisme et produit des documents anti-vax » et « cela fait plus d’un an et demi qu’on les voit s’enfoncer dans un complotisme proche des réseaux Q-anon qui ont envahi le Capitole aux Etats-Unis ».

 

Concernant le publiciste qui a honoré le contrat de RéinfoCovid, « il fait peut-être un peu de pognon mais je pense qu’il est très certainement engagé dans ce mouvement glauque au côté de RéinfoCovid, comment un publiciste peut accepter cela sans épouser cette cause ? » lâche Jérôme Marty qui souligne « 1 accident cardiovasculaire pour 100 injections : C’est grotesque, ça voudrait dire qu’on aurait eu 1,6 million d’événements cardiovasculaires, ça se saurait ! » Le président du Conseil de l’ordre des médecins de Haute-Garonne, Stéphane Oustric, affirme avoir signalé les faits à la préfecture. « Il faut en parler : ne croyez pas ce que les gens de RéinfoCovid vous racontent » avertit le docteur Marty. Le publiciste fait-il partie de la sphère "Covidosceptique" ou n'a-t-il pas été très regardant sur son annonceur ? La préfecture va-t-elle agir ?

 

La préfecture condamne et va tenter de poursuivre les auteurs en justice 

Mercredi en fin de journée la préfecture de la Haute-Garonne, le directeur général de l’Agence régionale de santé Occitanie et le président du Conseil départemental de l’ordre des médecins condamnaient "fermement ces affiches qui ont pour objectif de diffuser des informations mensongères sur un sujet crucial de santé publique". Le préfet "a demandé aux forces de sécurité de dresser des procès-verbaux de constatation" et examine "les voies juridiques susceptibles d’être poursuivies contre les auteurs de ces affiches et ceux qui les ont laissées apposer."

Finalement vendredi 19 août, la secrétaire d'Etat en charge de la citoyenneté Sonia Backes annonçait la publication d'un arrêté d'interdiction de la campagne d'affichage "anti-vax" repérée notamment à Toulouse et dans sa proche banlieue.

 

L'affiche de Saint-Orens est située au 53 rue de Lalande.