Commémorer l’indépendance de l’Ukraine à Toulouse "pour refuser la normalisation de l’horreur"
Entretien avec la présidente de l’association Ukraine Libre Toulouse, tout juste revenue de Kiev, en ce jour de la fête nationale de l’Ukraine.
24 août 2022 à 8h26 par Brice Vidal
Toulouse fête l’indépendance de l’Ukraine ce mercredi, le 24 août est le jour de l’Indépendance nationale obtenue en 1991. Pour marquer le coup, un monument du poète Taras Chevtchenko sera inauguré à 17h30 au square Compans Caffarelli et l’association Ukraine Libre organisera une marche de soutien. Depuis 6 mois, l’armée russe a débuté sa tentative d’invasion de l’Ukraine. Moscou a subi des revers et a aujourd’hui concentré ses forces à l’est du pays.
Iryna a passé trois semaines en Ukraine
Iryna Tuz, présidente de l’association Ukraine Libre Toulouse, a passé trois semaines au pays cet été, ses parents vivent encore là-bas. « Il ne faut pas oublier l’Ukraine, où les gens meurent et les soldats vivent dans les tranchées » explique-t-elle « pour défendre les valeurs de liberté de l’Europe ». Les larmes aux yeux, elle nous a raconté le quotidien de son peuple et les images qui l’ont marqué : « les gueules cassées » ukrainiennes, les villes rasées.
Elle évoquait d’abord la résilience de son pays où le front s’est déplacé à l’est « la vie reprend ». Peu à peu, les restaurants rouvrent dans les zones que l’armée russe a quittées, signe d’une relative sécurité. « Mais les traces des bombardements sont encore très visibles et on ne doit pas sortir des sentiers battus car il y a des mines partout ».
L’Ukraine compte ses morts, l’Europe compte ses sous
Alors ce mercredi « c’est une occasion de plus d’aider l’Ukraine » alors que la guerre « ne fait plus la Une des journaux ». Assiste-t-on à une normalisation de l’horreur ? « Oui et c’est normal elle est devenue une guerre locale avec des enjeux mondiaux » et « malheureusement ici on entend parler plus des conséquences de la guerre » sur le pouvoir d’achat regrette-t-elle.
Le conflit a fait 9000 morts côté ukrainien. Iryna, comptable chez un avionneur toulousain dans le civil, a pu aller à un concert en Ukraine « mais la sensation était bizarre », elle a aussi visité des établissements de soins et aidé des associations : « j’ai pris l’initiative de distribuer des cigarettes dans les hôpitaux et là tu vois les gens sans jambes et sans bras, il faudra beaucoup de prothèses. » Comme pour cette petite fille de 7 ans « il y a eu une explosion à Kherson et elle a perdu son pied. Je voudrais voir s’il est possible de lui faire installer une prothèse évolutive à Toulouse. Sa mère m’a demandé de l’aide… » A Toulouse, la marche de l'association Ukraine Libre partira de la place Jean-Jaurès à 16h30 ce mercredi, pour rejoindre le square Compans-Caffarelli.